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Le Mont Athos, nid d'espions

L'histoire se passe dans les années 1970 et 1980, derrière les murs des monastères orthodoxes grecs. Des espions se cachent sous une robe de moine. L'ambiance rappelle "Le nom de la Rose", le film de Jean-Jacques Annaud adapté du roman d'Umberto Eco. A l'époque, la guerre froide bat son plein. Il y a des espions partout, même dans les lieux les plus inattendus : des moines bulgares sont dépêchés comme agents secrets dans les monastères orthodoxes grecs.
Article rédigé par Jean Leymarie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
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Longtemps, cette histoire est restée secrète. Dans le Figaro, aujourd'hui, Alexandre Levy raconte le long travail d'infiltration mené par la DS, la Darjavna Sigurnost, les services secrets de la Bulgarie communiste. La méthode est rodée. La DS repère de jeunes moines bulgares. Elle les envoie étudier la théologie à Athènes. Et elle les forme aux techniques de base de l'espionnage. Ces moines qui travaillent pour la Bulgarie ont deux missions, quand ils infiltrent les monastères : prendre le pouls de la communauté religieuse et surtout repérer les trésors qui se cachent à l'ombre de la croix.  

Prenez l'agent Kovatchev. Envoyé au monastère de Zographe, sur le mont Athos. Il enquête patiemment sur la vie de la communauté : les complots entre les moines, les batailles pour les clés de la caisse, les vols de sucrerie au réfectoire et même le trafic de liqueurs. Tout est noté. Il y a un enjeu politique : Athènes et Sofia se disputent ce monastère. Mais il y a aussi un enjeu financier. L'agent Kovatchev essaie de repérer tous les trésors des moines dans ces lieux saints.

Il faut dire que les monastères abritent des merveilles. En 1988, sur le mont Athos, les services bulgares réussissent une de leurs plus belles opérations : le vol d'un manuscrit exceptionnel, "L'histoire slavo-bulgare", écrite au XVIIème siècle par le moine Païssi de Hilendar. Les Bulgares considèrent ce texte comme un des fondements de leur identité. Dans le Figaro, Alexandre Lévy raconte les détails : pendant des semaines, les moines-espions photographient le manuscrit. A partir de microfilms, une copie de l'ouvrage est réalisée. Les agents n'ont plus qu'à remplacer l'original par la copie, au nez et à la barbe du vieux moine bibliothécaire.

Quelquefois, pour les espions, ça se passe moins bien. Le fameux agent Kovatchev termine sa mission de manière brutale. En 1979, le contre-espionnage grec le repère. Le moine est expulsé du mont Athos, tiré par les cheveux, défroqué, attaché sur un mulet et renvoyé en Bulgarie. Même avec de l'expérience, l'habit ne fait pas toujours le moine.

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