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Le Black Panther traqué pendant quarante ans

Presque toute sa vie, George Wright a échappé à la justice des Etats-Unis. Il vient d'être rattrapé.
Article rédigé par Jean Leymarie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Franceinfo (Franceinfo)

Il s'appelle George Wright ou Jose Luis Jorge dos Santos. Deux identités pour un même homme. Plusieurs vies réunies en une seule. Le journal portugais Publico a enquêté. Courrier International publie son récit.

L'histoire commence en prison, aux Etats-Unis, au début des années 1960. George Wright est un jeune noir condamné pour un braquage qui a mal tourné. Derrière les barreaux, il fait la connaissance de George Brown, un autre noir, très politisé. Nous sommes en 1968. A ce moment là, aux Etats-Unis, le parti des Black Panthers est à son apogée. Ce mouvement révolutionnaire fait des émules. La ségrégation recule.

Brown et Wright rêvent d'une nouvelle vie. Ils réussissent à s'évader. Ils s'arrêtent à Détroit. Wright découvre la clandestinité, et en même temps, la vie de groupe. Il partage un appartement avec d'autres jeunes gens. Ils sont cinq en tout. Jour et nuit, ils discutent des questions raciales. Ils cherchent le meilleur moyen de servir leur cause.

Ce moyen, c'est un avion. Le vol Détroit-Miami, le 31 juillet 1972. Wright et ses amis montent à bord. Une fois que l'avion a décollé, ils vont voir les pilotes. Ils expliquent qu'ils sont des révolutionnaires noirs et qu'ils veulent aller à Alger. Ils exigent aussi un million de dollars. A Miami, ils laissent descendre les passagers. Puis l'avion repart. Il atterrit à Alger. Le pays est en pleine effervescence. Depuis l'indépendance, des milliers de militants du monde entier s'y sont installés. Pourtant, le groupe s'y sent mal. Il quitte le pays.

L'errance continue, en Allemagne, puis surtout en France. Là aussi, de nombreux militants ont trouvé refuge. Wright et ses amis y vivent tranquillement pendant trois ans, mais la police les repère. En 1976, le groupe est arrêté. Seul George Wright parvient à s'échapper, encore une fois.

Il fuit en Afrique, en Guinée Bissau. Il devient José Luis Jorge Dos Santos. Pour ses voisins, il est "Jack l'Américain". Le fuyard fonde une école nationale de basket, sa passion. Puis en 1993, il s'installe au Portugal. Il vit près de Lisbonne, très discrètement. Il vieillit. Un homme tranquille, jusqu'au 26 septembre dernier. Courrier international raconte que la police sonne chez lui. Depuis le détournement du vol pour Miami, près de quarante ans ont passé. Mais George Wright est toujours recherché. Sera-t-il extradé ? Finalement non. Le Portugal refuse. Les Etats-Unis n'insistent pas. L'époque des Black Panthers est loin. George Wright est devenu un autre homme. Il a 69 ans.

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