La traduction d'un roman d'Hemingway sème la zizanie
Est-ce une bonne traduction ? Un autre écrivain, François Bon, estime que non. Selon lui, la version française est "lourdingue et approximative". François Bon, qui est aussi traducteur, décide donc de proposer son interprétation du chef d'oeuvre d'Hemingway. Il le fait sur internet, sur son site d'édition numérique, publie.net. François Bon est heureux d'avoir traduit le roman de l'écrivain américain. En quelques jours, vingt-deux lecteurs téléchargent cette nouvelle version, à 2 euros 99 l'unité.
Le succès est donc confidentiel et pourtant, François Bon, sans le vouloir, déclenche une petite tempête : la semaine dernière, Gallimard, qui possède toujours les droits du roman, demande le retrait immédiat cette nouvelle traduction. Selon l'éditeur, le texte de François Bon est une contrefaçon.
L'écrivain est sidéré. Il était persuadé que le texte d'Hemingway était tombé dans le domaine public aux Etats-Unis, et donc également en France. Autrement dit, il pensait que l'oeuvre appartenait à tout le monde. Il se trompait. Aux Etats-Unis, les droits ont été renouvelés en 1980. Le roman est protégé jusqu'en 2047 !
Quand François Bon se rend compte de son erreur, il retire aussitôt le livre. Mais sur son site, il attaque Gallimard. Il dénonce le "mépris", "l'arrogance", "l'hostilité" de l'éditeur, prêt à "tous les gâchis" pour maintenir son pouvoir. Des internautes le suivent. Sur des forums, sur des réseaux sociaux, Gallimard se fait insulter. Il est présenté comme le gros qui écrase le petit. Ca dure comme ça depuis trois jours.
François Bon, lui, se dit "usé", "poussé à bout", mais veut tourner la page. Il espère que les règles vont changer, qu'elles vont devenir plus simples, et que le patrimoine littéraire sera bientôt plus ouvert.
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