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"En Russie, les filles du Tsar n'ont pas été assassinées"

Selon l'historien Marc Ferro, les Bolcheviks ont sauvé, en 1918, en cachette, les quatre filles de Nicolas II.
Article rédigé par Jean Leymarie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

C'est une des grandes énigmes de l'histoire : les filles du dernier tsar de Russie ont-elles été tuées pendant la révolution bolchévique ? Depuis 1918, la réponse est oui. Aujourd'hui, Marc Ferro, un des spécialistes de la révolution, affirme que ces jeunes filles ont été sauvées. Dans le magazineL'Histoire  du mois de septembre, il explique comment et pourquoi.

La version officielle, d'abord : quand les Bolcheviks prennent le pouvoir en octobre 1917, ils capturent la famille de Nicolas II, et quelques mois plus tard, en juillet 1918, ils exécutent le tsar, sa femme et ses enfants. Cette thèse est connue.

Des failles dans la version officielle

Pourtant, dès les années 1920, les premiers doutes apparaissent. Certains dirigeants bolcheviques eux-mêmes affirment que les quatre filles n'ont pas été assassinées. Mais ils sont minoritaires et peu écoutés. Tout au long du XXème siècle, des journalistes et des historiens montrent des failles dans la version officielle, mais sans trouver la preuve absolue que les filles du tsar ont été sauvées.

A la fin des années 1980, Marc Ferro émet une hypothèse : les Bolcheviks auraient organisé, dans le plus grand secret, le sauvetage de la famille. Pourquoi ? Pour ne pas déplaire aux Allemands. Le kaiser allemand, Guillaume II, était le parrain d'une des filles du tsar. Lénine aurait négocié avec lui. En épargnant les quatre soeurs, le tout nouveau régime soviétique aurait cherché à protéger la paix, fragile, avec l'Allemagne.

L'enquête progresse. Marc Ferro fait une découverte importante. Il rencontre Alexis de Durazzo. Cet homme affirme que sa grand-mère, Marie, était une des filles du tsar et qu'elle a survécu. Il autorise l'historien à consulter ses archives. Chez un notaire, à Paris, Marc Ferro trouve effectivement une vieille lettre de Marie dans laquelle elle raconte sa fuite, à travers la Russie, à la fin de l'année 1918. Le puzzle commence à être complet. Dans sa biographie de Nicolas II, en 1992, Marc Ferro présente le sauvetage comme une hypothèse mais il reste prudent.

Jusqu'au témoignage qui va peut-être changer la donne, celui que le magazine L'Histoire révèle dans son nouveau numéro. Une journaliste américaine a découvert une lettre inédite dans les archives du Vatican. Le journal intime d'Olga, une autre fille de Nicolas II. Ce journal s'arrête en 1954 ! Plus de 35 ans après la Révolution ! Les filles du tsar auraient donc bien survécu. Tout au long de leur vie, elles auraient protégé le secret de leur sauvetage et des négociations qui l'a entouré. Leur mère aurait même été cachée dans un couvent en Pologne, grâce au Vatican.

Le journal d'Olga va être publié. Marc Ferro va aussi sortir un livre sur ces dernières découvertes. Le mystère va peut-être se dissiper.

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