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En Italie, le bicentenaire de Verdi et de Wagner devient une affaire nationale

La Scala de Milan va proposer cette semaine une œuvre de Wagner, "Lohengrin". Une partie de la presse s'insurge. Pourquoi ne pas avoir choisi l'italien Verdi, plutôt que l'allemand Wagner ?
Article rédigé par Jean Leymarie
Radio France
Publié Mis à jour
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La Scala a choisi Wagner plutôt que Verdi. L'Allemand plutôt que l'Italien. Les deux compositeurs sont nés en 1813. On fête donc le bicentenaire de leur naissance. Par qui commencer ?

La Scala a décidé que ce serait Wagner, avec son opéra "Lohengrin", sous la direction du chef d'orchestre Daniel Barenboïm. La première aura lieu vendredi, à Milan.

Ce choix provoque beaucoup de réactions. Car à la Scala, normalement, Verdi est chez lui. Plusieurs oeuvres du compositeur ont été créées à Milan, à partir de 1840. Verdi est un symbole de la culture italienne. Pour une partie de la presse, il devrait passer avant Wagner. Pour le Corriere della Sera, le fameux journal de Milan, c'est une affaire sérieuse. D'après le quotidien, la Scala vient de donner "une gifle à l'art italien, elle a porté un coup à la fierté du pays, alors que l'Italie est en crise". On ne plaisante pas avec Verdi. Le journal fait mine de s'interroger : "Les Allemands auraient-ils inauguré une année Wagner avec une oeuvre de Verdi ?"

Cette affaire dépasse le cadre musical. Elle prend un tour politique. Elle s'ajoute aux tensions entre l'Allemagne et l'Italie, dans une Europe divisée. En Italie, Angela Merkel n'est pas appréciée, surtout quand elle prône l'austérité budgétaire. Les Allemands sont toujours soupçonnés de mépriser les Italiens. Le quotidien The Guardian rappelle que cette rivalité est ancienne, sur le plan politique et sur le plan musical. En 1873, quand Wagner a donné "Lohengrin" pour la première fois à la Scala, il y a eu des sifflets et des bagarres. Le compositeur voulait diriger l'orchestre. Il a renoncé. Il a confié la baguette à un musicien italien.

Aujourd'hui, la direction de la Scala est consternée. Le Français Stephane Lissner, qui est à la tête du théâtre, juge cette polémique "ridicule". Il dénonce la "stupidité" et "l'ignorance" de ceux qui l'attaquent. Il explique que la Scala commence par Wagner  simplement parce que le chef Daniel Barenboïm, spécialiste du compositeur allemand, n'est libre que ce mois-ci. Il ajoute que Verdi sera bien traité l'an prochain à la Scala. La saison débutera d'ailleurs avec "La Traviata".

Ses arguments suffiront-ils ? Pas sûr. L'affaire est montée jusqu'au président italien. Giorgio Napolitano devait assister à la représentation de Lohengrin. Il a renoncé parce que son emploi du temps est trop chargé. Mais il a dû expliquer publiquement que cela n'avait rien à voir avec la polémique. Très officiellement, il se réjouit que l'opéra allemand soit joué à Milan.

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