En Israël, le mystère du "prisonnier X"
C'est de la censure. Le gouvernement israélien ne veut pas entendre parler de cet homme. Il essaie d'imposer le silence. Mais la mort du "prisonnier X" pourrait devenir un affaire d'Etat.
Pour comprendre, il faut remonter au mois de juin 2010. A l'époque, un site d'information israélien révèle qu'un certain "monsieur X" est détenu dans le plus grand secret, à la prison d'Ayalon, près de Tel Aviv : "une personne sans nom, sans identité, placée en isolement total". Pourquoi ? Mystère. Aucune information ne filtre. L'association israélienne des droits de l'homme proteste. Elle demande des explications. Le gouvernement ne les donne pas. Il n'a qu'une réponse : il exige le retrait de l'article sur le site qui a révélé l'affaire. Pendant plus de deux ans, le dossier s'enlise.
Jusqu'à hier, et jusqu'à ce coup de théâtre en Australie. La chaine ABC dévoile l'identité du prisonnier X. Selon ABC, cet homme s'appelait Ben Zygier, il était australien, il avait 34 ans, il travaillait pour le Mossad, les services secrets israéliens. Il a été retrouvé pendu, dans sa cellule. Que savait-il ? Qu'avait-il fait ? Là encore, mystère.
En Israël, ces révélations font l'effet d'une bombe. Le cabinet du premier ministre, Benjamin Netanyahu, convoque les responsables des grands media. Il leur demande de se taire. Les media acceptent. Les sites d'information suppriment toute référence à l'enquête d'ABC. Mais l'affaire rebondit au parlement. Plusieurs députés interpellent le gouvernement. Ils posent des questions, publiquement : "Etes vous au courant ? Confirmez vous le fait que ce ressortissant australien s'est suicidé en prison sous un faux nom ?". Ils interpellent aussi le gouvernement sur la censure : est-il normal d'essayer d'empêcher la publication d'une information embarrassante pour Israël ? Le gouvernement est gêné. Le ministre de la justice répond que "tout cela mérite examen".
Dans cette affaire, il y a beaucoup plus de questions que de réponses. Tout le monde se demande ce que le gouvernement essaie de cacher. Une chose est sure : la presse israélienne a décidé de ne plus se laisser faire. Ce matin, l'histoire du "prisonnier X" est à la une du journal Haarezt. Le quotidien pose des questions sur le fond de l'affaire. Il dénonce aussi la censure du gouvernement. Il parle d'une "tentative pathétique", à l'heure d'internet et des réseaux sociaux.
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