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Elsa, huit mois, "enfant de Sangatte"

Dans le Pas-de-Calais, des migrants et des Françaises tombent parfois amoureux. C'est le cas d'Elodie et Reza, un jeune Afghan, arrivé à Sangatte en 2003. Il y a huit mois, une petite Elsa est née de leur amour.
Article rédigé par Jean Leymarie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
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Au début, cette histoire est banale. Elle débute à Kaboul, à la fin des années 1990. Un jeune homme, Reza, perd sa mère, son frère et sa soeur dans un bombardement. Il n'a que douze ans. Son père lui conseille l'exil. Il envoie l'adolescent chez son oncle, en Iran. Le jeune homme y passe un an, puis rejoint la Turquie, où il passe une année encore. Il travaille au noir, comme petite main dans des ateliers de broderie et de repassage. Puis il essaie de rejoindre la Grèce : quatorze tentatives, sur un bateau pneumatique. Il finit par y arriver. Il atteint l'Italie, caché sous le chassis d'un poids lourd, puis la France, enfin.

Dans M, le magazine du Monde, Elise Vincent retrace l'itinéraire de Reza, et ses rêves. La journaliste raconte l'arrivée du jeune Afghan à la gare de Calais, à l'hiver 2003. Reza a entendu parler du centre d'accueil de Sangatte. Après, si tout va bien, ce sera l'Allemagne ou l'Angleterre. Mais quand il descend du train, il comprend qu'il arrive trop tard. Le gouvernement a fermé le centre géré par la Croix-Rouge. Reza survit, comme il peut. Dans les rues de Calais, des bénévoles distribuent des repas. L'adolescent fait la queue, avec des centaines d'autres étrangers. Là, une femme le repère. Elle est frappée de rencontrer un garçon aussi jeune. Elle organise l'accueil de Reza.

L'adolescent est placé dans la famille d'un cadre d'Eurotunnel, qui soutient ces étrangers errants. Il a une chambre, à lui, aménagée au sous-sol de la maison. Il rencontre Elodie, l'aînée de quatre enfants de la famille. Elle a 21 ans. Elle voit Reza "comme un jeunot, un petit frère à protéger". Dans le magazine du Monde, elle se souvient : "parfois, je l'entendais pleurer".

Puis Elodie quitte la maison. Elle prend un studio d'étudiante à Boulogne-sur-Mer. Elle devient professeur de français, langue étrangère. De son côté, Reza grandit lui aussi. Après le lycée, il commence un apprentissage de prothésiste dentaire. Les deux jeunes gens se croisent seulement le week-end, quand Elodie passe en coup de vent. Un jour, Reza n'y tient plus. Il lui déclare son amour. Elodie le rejette, d'abord, puis, peu à peu, tombe amoureuse de lui. Pendant deux ans, leur relation reste secrète. Avant d'éclater au grand jour.

Dans le magazine du Monde, Elise Vincent raconte la suite : la naissance de leur petite fille, Elsa, il y a huit mois. Pourquoi Elsa ? Parce que c'est la contraction de leurs deux prénoms, Elodie et Reza. Le symbole de leur histoire, de Kaboul à Calais.  

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