Cet article date de plus d'onze ans.

Au Mexique, des abus de pouvoir provoquent le scandale

Un film dénonce l'arrogance des plus riches. Il a déjà attiré plus de sept millions de spectateurs. Les Mexicains ne supportent plus le mépris de leurs dirigeants.
Article rédigé par Jean Leymarie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
  (©)

Le film s'intitule
"Nous, les nobles ", et il fait un tabac au Mexique. C'est l'histoire de trois
gosses de riches ultra-gâtés qui ont une vingtaine d'années. Du jour au
lendemain, leur père fait faillite et ils sont obligés de travailler : la fille
devient serveuse, les garçons chauffeur de bus et employé de banque. Cette
comédie morale réjouit les Mexicains. Elle traduit leur exaspération. La
population ne supporte plus la morgue de certains dirigeants et de leurs
enfants.

Emmanuelle Steels raconte
cette révolte dans les colonnes de Libération. Depuis
quelques mois, plusieurs histoires ont fait le tour du pays. Elles ont ulcéré
les Mexicains. Par exemple, le caprice d'Andrea Benitez. Le 26 avril, cette
jeune femme veut une table en terrasse dans un restaurant de Mexico. Elle ne
l'obtient pas immédiatement. Elle se plaint. Elle appelle son père qui est haut
placé : il est le procureur fédéral chargé de la protection des consommateurs.
Des inspecteurs débarquent aussitôt dans le restaurant et sanctionnent
l'établissement. La jeune fille triomphe. Elle se vante sur le réseau twitter,
mais elle déclenche en même temps une tornade de sarcasmes. Au bout de trois
semaines, le procureur fédéral est mis à la porte. C'est une victoire pour les
internautes scandalisés par cette affaire.

Cette histoire n'est pas la
première. La fille du nouveau président, Pena Nieto, s'est illustrée elle aussi.
Sur twitter, la jeune Paulina a traité les détracteurs de son père de
"connards de prolétaires ". La fille du président a dû s'excuser.
Autre petit scandale, encore, quand une sénatrice se présente un jour à
l'aéroport de Cancun. Elle arrive dix minutes après la fin de l'enregistrement.
Elle n'a plus le droit d'embarquer. La sénatrice est exaspérée. Elle prend à
parti une employée. Elle hurle : "Je suis l'autorité ! Je suis la personne
qui obtient les badges pour qu'il y ait un aéroport et que tu puisses
travailler ! Et toi, tu oses me parler d'égale à égale ! Insolente..."

  Une
collègue de cette employée filme la scène. La vidéo se retrouve sur youtube.
Nouveau scandale.

Libération raconte aussi
l'affaire de cette dirigeante syndicale qui s'habille avec des vêtements de
luxe, en pillant les caisses de son organisation. Ou encore la vantardise d'un
gouverneur qui se targue de posséder 400 paires de chaussures, 300 costumes et
1.000 chemises. Aujourd'hui, il est en prison, accusé de détournement de fonds publics.

Ces comportements ne sont
pas nouveaux mais ils sont exacerbés, et de moins en moins tolérés, car le
Mexique est en train de changer. Dans Libération , Emmanuelle Steels explique
que 60% de la population mexicaine est pauvre mais qu'une classe moyenne émerge
lentement. Une petite bourgeoisie urbaine se développe. Elle est très présente
sur twitter. Elle ne supporte plus les abus.

 

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