A Toulouse, une œuvre d'art retirée sous la pression de manifestants musulmans
L'oeuvre s'intitule "Technologia". C'est une installation vidéo, une projection de lumière sur le sol du Pont-Neuf qui franchit la Garonne, à Toulouse. Elle montre des cercles qui tournoient avec à l'intérieur des calligraphies, des versets du Coran, et des paroles du prophète Mahomet. L'auteur est un artiste marocain, Mounir Fatmi. Il participe pour la première fois au Printemps de septembre, le festival de création contemporaine de la ville rose.
L'oeuvre est présentée une première fois le 28 septembre. Puis elle est éteinte. Et mardi soir, elle est remise en marche. Dès que la projection commence, mardi soir, des passants musulmans se mettent à protester. Ils se réunissent autour de l'oeuvre et demandent aux piétons de ne pas marcher sur les halos de lumière. Pour eux, cette oeuvre est un blasphème, une provocation, car elle met le Coran "par terre". Les passants piétinent un texte sacré.
La foule grossit. La tension monte. Et c'est l'incident : une jeune femme, sans le vouloir, marche sur l'oeuvre. Elle reçoit une gifle. Des policiers interviennent. Un imam arrive également. Il calme le jeu. Les manifestants se dispersent.
L'histoire n'est pas finie. Hier, mercredi, quelques dizaines de personnes se réunissent devant la mairie de Toulouse, toujours pour protester. L'adjointe à la culture reçoit une délégation, et la décision est prise : l'oeuvre est retirée. Elle ne sera plus projetée pendant le festival. La mairie socialiste publie un communiqué embarrassé. Elle évoque "un regrettable incident technique", car l'oeuvre a été projetée "sans les conditions nécessaires à sa diffusion". Il n'était pas prévue qu'elle se mette en route mardi soir, sans rien ni personne pour expliquer sa signification. La mairie précise que la projection n'a pas "de caractère blasphématoire" mais que "l'apaisement" est nécessaire. Toujours selon la mairie, "les représentants d'association ont transmis, au nom de leur communauté, leurs excuses à la jeune fille giflée".
L'artiste, lui, n'en revient pas. Mounir Fatmi se présente comme un homme "d'origine musulmane". Dans La Dépêche, ce matin, il explique qu'il préfère suspendre l'oeuvre mais il déplore "un malentendu énorme" : "Je me sens presque dépossédé de ma propre histoire. C'est triste que cela se passe en France. Mon oeuvre a été exposée dans un musée d'art contemporain au Qatar sans que cela pose problème".
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