Magawa, le rat qui a reçu une médaille d'or pour son travail de détection des mines antipersonnel au Cambodge
Une association britannique pour la protection animale a remis sa médaille d’or annuelle à un rat démineur. Il a permis de désamorcer 39 mines antipersonnel au Cambodge.
Oubliez les rats en bas de chez vous, on parle ici d’un rongeur absolument irrésistible, avec de petites oreilles rondes et un museau rose, un rat de Gambie, ou géant d'Afrique, de 70 cm de long pour 1,3 kg, et surtout d’une utilité considérable puisqu’il détecte les mines antipersonnel. Il s’appelle Magawa, il a six ans et a donc reçu il y a trois jours la médaille d’or de la PDSA, une association britannique de protection animale, décernée chaque année pour récompenser la bravoure d’un compagnon à quatre pattes. C’est l’équivalent de la George Cross qui honore les humains. En général, la médaille est remise à des chiens policiers ou des chiens de sauvetage, mais voilà, Magawa, lui, n’a pas sauvé une mais des dizaines de vies au Cambodge, dans des champs constellés de mines.
C’est une ONG belge, Apopo, spécialisée dans le dressage des rats démineurs, qui l’a formé, lui apprenant à repérer l’odeur des explosifs, et surtout à la signaler en grattant légèrement la terre avec ses pattes. Résultat : 39 mines et 28 restes d’engins explosifs découverts grâce à ce seul rat. 141 000 m² de terre déminés, soit vingt terrains de football. Tout ça avec beaucoup plus d’efficacité que les humains puisque là où Magawa met vingt minutes à passer au crible une parcelle de 200 m², un démineur muni d’un détecteur de métaux peut mettre jusqu’à quatre jours.
L'histoire de Magawa a fait le tour du monde
Un exploit qui vaut à notre rongeur de faire la Une des journaux du monde entier. Il a tout eu : le New York Times, la Stampa, CNN, Deutsche Welle, la BBC… Et ce n’est pas simplement divertissant, c’est une bonne chose, parce que cela permet de mettre en lumière ce fléau qui paralyse encore une partie du Cambodge, plus de vingt ans après la fin des guerres civiles. D’après l’ONU, de 1971 à 1993, 6 millions d’engins de mort invisibles ont été disséminés sur tout le territoire, tuant 20 000 personnes et faisant plus de 50 000 blessés, dont la moitié d’enfants, mutilés à vie. Ce que font Magawa et ses congénères renifleurs non seulement sauve des vies, mais rappelle que déminer c’est libérer de la terre, redonner aux cultivateurs leurs champs et leurs routes, autrement dit remettre de l’activité là où la peur avait tout figé. D’où la médaille d’or. Peut-être qu’après ça, nous ne regarderons plus les petits rongeurs de la même manière.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.