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L'étoile du jour. Le cinéaste ukrainien emprisonné en Russie, Oleg Sentsov, obtient le Prix Sakharov

Coup de cœur ou coup de griffe : tous les matins, Marie Colmant distribue ses bons points. Aujourd'hui, le cinéaste ukrainien Oleg Sentsov.

Article rédigé par franceinfo - Marie Colmant
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Oleg Sentsov, cinéaste ukrainien, est examiné après sa grève de la faim, à l'hôpital de Labytnangi (Russie), le 29 septembre 2018. (HO / RUSSIAN FEDERAL PENITENTIARY SER)

"L'Étoile du jour" est un cinéaste ukrainien qui a reçu jeudi 25 octobre le Prix Sakharov. Cet homme c'est Oleg Sentsov.  Une étoile derrière les barreaux, car Oleg Sentsov, cinéaste ukrainien, originaire de Crimée, région sensible s'il en est depuis son annexion en 2014 par la Russie, purge actuellement une peine de 20 ans de réclusion dans la sinistre prison de Lefortovo, la prison du FSB pour actes terroristes. Ukrainien et fier de l'être, Oleg Sentsov rejoint naturellement le mouvement de la place Maïdan en 2014, il ne reconnaît pas l'invasion de la Russie et refuse également de se reconnaître comme Russe. Il va d'ailleurs livrer des provisions aux soldats ukrainiens assiégés en Crimée. C'est la seule chose qu'il reconnaisse, pour le reste, les attentats terroristes qu'on l'accuse d'avoir préparés, la statue de Lénine qu'il s'apprêtait prétendument à faire sauter, Oleg Sentsov nie en bloc. Ses aveux ont été arrachés sous les coups, à la suite de son arrestation. Pendant quatre longues années, Sentsov est oublié.

Une grève de la faim de 145 jours

Quand en juin 2018 se tient la Coupe du monde de football en Russie, Oleg Sentsov se met en grève de la faim, espérant ainsi attirer l'attention, non pas sur son sort, mais sur celui de tous les Ukrainiens retenus prisonniers en Russie dont il réclame la libération. Tout le gratin du cinéma mondial mais pas seulement, se rassemble dans une impressionnante pétition de Pedro Almodóvar à Ken Loach en passant par Wim Wenders, Bertrand Tavernier ou encore Arnaud Desplechin, pour réclamer sa libération. Qui n'impressionne pas tellement Vladimir Poutine. Début septembre, lors de la Mostra de Venise, alors que la santé d'Oleg Sentsov se détériore à la vitesse grand V, une nouvelle pétition réclame sa libération. Rien n'y fait. Le 6 octobre dernier, Oleg Sentsov, hospitalisé depuis une dizaine de jours, et nourri de force, arrête sa grève de la faim. Poutine n'a jamais plié, mais on peut parier que ce Prix Sakharov (remis par les parlementaires européens pour les Droits de l'Homme, créé en mémoire du plus fameux des dissidents soviétiques, Andreï Sakharov emprisonné lui aussi pour ses idées), risque d'être une petite épine dans le pied pour le pouvoir russe, mais une fameuse protection pour Oleg Sentsov. Ça risque d'être beaucoup plus difficile dorénavant de le faire disparaître. 

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