L'étoile du jour. Caetano Veloso, chanteur brésilien, est inquiet depuis l'élection de Jair Bolsonaro à la tête du pays
Coup de cœur ou coup de griffe : tous les matins, Marie Colmant distribue ses bons points. Aujourd'hui, l'inquiétude du chanteur brésilien Caetano Veloso.
"L'Étoile du jour" est un homme inquiet, un chanteur brésilien qui s'est confié ce week-end au New York Times pour exprimer toutes ses inquiétudes quant à l’arrivée de Jair Bolsonaro comme président du Brésil. Cette étoile, c'est Caetano Veloso, un monument de l'histoire de la musique. Avec ses complices Gilberto Gil et Chico Buarque, il a inventé la musique tropicaliste, mélange inouï et unique de pop brésilienne et de rock psychédélique arrosé d'une pincée de musique d'avant-garde. C'était il y a un peu plus de cinquante ans, alors que le Brésil traversait une des périodes les plus sombres de son histoire, une dictature militaire qui ne supportait pas la moindre critique où intellectuels et artistes étaient arrêtés et emprisonnés en masse.
Caetano Veloso ne veut pas fuir et continuer à se battre
À l'époque et encore aujourd'hui Caetano Veloso est de gauche et ne le cache pas. Dans cette tribune adressée au New York Times, il raconte comment lui et Gilberto Gil sont arrêtés en 1968. Ils passent un mois en cellule avant d'être transférés dans une prison militaire. La nuit, raconte Veloso, on entendait les hommes hurler dans les cellules. Libérés quatre mois plus tard, les deux hommes choisiront l'exil. Et rentreront au Brésil quelques années plus tard, pour assister au triomphe de Lula, qui fera de Gilberto Gil un emblématique ministre de la Culture.
Alors aujourd’hui, entendre ce nouveau président répéter à l'envi qu'il regrette ces années de dictature, l'entendre rendre hommage régulièrement à des tortionnaires avérés ou encore voir des soldats dans les rues fêter la victoire de Bolsonaro inquiète Caetano Veloso, parce que cela lui rappelle de très mauvais souvenirs. Mais aussi parce que l'un de ses amis, musicien et maître de capoeira, a été poignardé par un supporter de Bolsonaro à Bahia, il y a trois semaines. Pourtant prévient Caetono Veloso, si le régime de Bolsonaro confirme ses appétits de dictature militaire, ce qui n'est pas encore le cas (il sera président seulement en janvier prochain), il ne partira pas en exil comme ces Brésiliens qui ont d'ores et déjà dit qu'ils partiraient en cas de victoire de cette droite extrême. Parce que le Brésil c'est son pays, celui qui nourrit son inspiration d'artiste, alors Caetano Veloso restera dans son pays, en famille. Pour se battre.
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