En Espagne, à Madrid, non seulement la neige est rare, mais la quantité déversée par la tempête Filomena est telle que toute la région est paralysée. Cinquante centimètres sont tombés par endroits, arbres et lignes électriques ont été arrachés, pas de transports en commun, pas de voiture, et des températures en dessous de zéro : la capitale espagnole est pétrifiée, impraticable. Sauf que la vie continue, dans les hôpitaux, notamment, où les soignants ont été obligés de prolonger leurs gardes, encore et encore, ceux qui devaient les relever étant coincés chez eux.¡¡Esto es vocación!! Nuestro resi de Cirugía Torácica y Cardiaca que, además de ser un gran médico, es un super atleta! Una vez más, JUNTOS, saldremos de esta! #SomosPuertadeHierro#Filomena pic.twitter.com/wOBNEF4eu2— Paz Maese (@pmaese) January 9, 2021C’était le cas du docteur Alvaro Sanchez, la trentaine, interne en chirurgie, qui, samedi, a décidé malgré tout de rejoindre ses collègues et de tenter la grande traversée, dans la tempête, à pied, en courant. 17 kilomètres d’un trajet habituellement bouclé en voiture, entre son domicile et l’hôpital de Puerta de Hierro, en parka et après-skis. À quelques mètres de l’arrivée, il envoie une petite vidéo à ses collègues : "Ça y est !, lance-t-il, après 1 heure 45 dans la neige fraiche, je suis en train d’atteindre l’hôpital, je vais enfin pouvoir commencer ma garde". Au passage, 17 kilomètre en 1 heure 45 dans la poudreuse, c’est un exploit sportif, mais Alvaro Sanchez n’a pas pris le temps d’en parler. Il n’a pas eu le temps… parce que, comme des milliers d’autres soignants, il est submergé de patients : la neige n’a évidemment pas arrêté l’épidémie de Covid-19. 10 à 15 000 nouveaux cas confirmés chaque jour. C’est aussi ça qui l’a poussé à braver la tempête. Et il n’est pas le seul.Moralement, je ne pouvais pas rester chez moi tout en sachant que mes collègues travaillaient depuis 26 heures d'affilée.Raul Alcojor, aide-soignant dans un hôpital de Madridà la radio Cadena SerSur les réseaux sociaux, les vidéos de soignants se rendant à pied jusqu’à leur hôpital se sont multipliées : vingt kilomètres pour une infirmière, six pour une autre de nuit. Et quatorze pour Raul, un aide-soignant qui a expliqué à la radio Cadena Ser que "moralement" il ne pouvait pas rester chez lui tout en sachant que ses collègues travaillaient depuis 26 heures d’affilée. Si l’on cherchait une définition aux mots "vocation", "dévouement", "solidarité", on n’a pas mieux. "Modestie" aussi, puisqu’aucun de ces soignants n’a posté son exploit sur internet. Ce sont des témoins, collègues, passants, qui l’ont fait, pour dire "Regardez ce que font nos héros". Pour qui aurait encore besoin d’une preuve.