À Los Angeles, Shirley Raines coiffe et maquille les sans-abris tous les samedis pour "apporter la beauté dans la rue"
Depuis un peu plus de trois ans, cette Américaine de 53 ans dédie tous ses samedis aux SDF de sa ville, une démarche qui a pris de l’ampleur avec la crise du Covid, pendant laquelle Shirley Raines a vu affluer les propositions d’aide et les dons.
"Beauty to the street", c’est le nom de son association qui œuvre à Los Angeles en Californie, ville double-face où l’on trouve Hollywood, bien sûr, mais aussi des milliers, des dizaines de milliers de sans-abris, les laissés pour compte du rêve américain. Shirley Raines, 53 ans, a grandi là-bas. Elle y a travaillé comme secrétaire médicale et élevé six enfants, jusqu’à ce que le plus jeune décède brutalement dans un accident domestique, et que sa vie bascule. Impossible de faire son deuil. Pendant des années, elle s’interroge, cherche un sens à sa vie, et c’est dans le regard des sans-abris en bas de chez elle qu’elle le trouve.
I used to do all the hair and makeup…now I have an amazing team. I’m behind the scenes now but I did a little hair Saturday. pic.twitter.com/EFTX0OTzIP
— Shirley Raines (@beauty2streetz) August 30, 2021
Sa première maraude est un déclic. Plusieurs femmes la complimentent sur son maquillage et sa coiffure, alors elle leur explique : "Pour moi, c’est comme une protection, un masque pour cacher mes blessures et ma peine, d’ailleurs est-ce que vous aussi vous voulez un masque ? Parce que je peux vous en apporter." Et c’est comme ça qu’elle a commencé à maquiller et à coiffer les femmes sans-abri.
Tous les samedis, sur Skid row, cette artère de Los Angeles où sont relégués les SDF, elle leur apporte mascara, rouge à lèvres, fard à paupière et vernis à ongles, sans oublier du shampoing, du démêlant, et des teintures qu’elle fait elle-même. "Se maquiller et se coiffer, ça permet de faire diversion, explique-t-elle à Glamour, tout le monde a besoin de s’échapper, même si ce n’est que pour un moment." Et puis il y a le contact physique, le fait d’être regardé, touché, soigné. Évidemment, dans sa voiture, il y a aussi de la nourriture, et parfois des vêtements.
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Pendant l’épidémie de Covid, elle a aussi distribué du gel hydro-alcoolique, pas mal de masques et surtout attiré l’attention de milliers d’internautes, enfermés chez eux à cause du confinement et qui se cherchaient une utilité. Rapidement, elle passe la barre des 200 000 abonnés sur Instagram, certains lui proposent de la rejoindre pour aider, d’autres versent des dons en ligne. Et puis les médias la repèrent, d’abord la radio locale, puis CNN, et cette semaine, la chaine ABC qui lui a consacré un portrait.
Aujourd’hui, Shirley Raines a réussi à monter officiellement son association et à embaucher 25 personnes pour ses tournées coiffure du samedi. "Bien sûr, ça ne sort pas les gens de la rue, conclut-elle, mais ça permet d’entretenir l’estime de soi, sa propre flamme, et de se dire peut être que non, le chemin n’est pas fini".
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