L'empire des séries : "Killing Eve", un thriller au féminin jubilatoire
Laurent Valière revient chaque jour cette semaine sur les séries qui ont marqué 2018. Avec jeudi, un thriller britannique décoiffant : "Killing Eve".
Killing Eve est un thriller en huit épisodes, un petit bijou de suspense et d’humour noir venu du Royaume Uni. Des meurtres sont commis mystérieusement à travers le monde, par une magnifique jeune femme blonde psychopathe sans aucun scrupule qui habite près de la place Vendôme à Paris. Elle aime tuer. Elle aime se déguiser pour tuer. Et se plaît à la faire en enfonçant une pince à cheveux dans la tête ou durant une séance de massage.
Le chat et la souris
Face à elle, Eve Polastri est une inspecteur très nature dont le réalisateur ne nous cache rien de sa vie privée. Il la filme aussi bien en train de passer un coup de fil sur la lunette des WC ou en train de s’épiler sous les aisselles. Eve Polastri est un peu un Inspecteur Columbo à l’envers. Son mari ne sait rien de ses activités. Toujours un peu mal fagotée, elle n’a pas froid aux yeux. Même si elle a été virée de la police britannique, elle continue à poursuivre la tueuse à ses risques et périls. La confrontation sera surprenante. Car la criminelle n’aura qu’une idée en tête : tuer Eve tout en lui offrant de magnifiques tenues de soirée.
Killing Eve est écrit par la jeune auteur et actrice britannique de 33 ans Phoebe Waller Bridge. Déjà, dans sa série comique Fleabag, elle racontait avec humour noir la vie chaotique d’une jeune londonienne. Cette fois, en adaptant une série littéraire Codename Villanelle, du nom de la tueuse, elle crée un thriller d’espionnage teinté de féminisme qui fait mouche.
Sandra Oh, animatrice de la cérémonie des Golden Globes et nommée pour ce role aux Golden Globes
Les deux actrices principales sont remarquables : Jodie Corner campe une psychopathe ambiguë et jouissive. Sandra Oh, déjà de mauvaise humeur en chirurgienne dans Grey’s anatomy, incarne avec beaucoup de naturel Eve. Elle est nommée aux Golden Globe pour ce rôle. La fascination mutuelle de ces deux héroïnes devient aussi perverse qu’hypnothique. La série surprend jusqu’à la dernière minute, dans une noirceur qui rappelle l’humour des frères Cohen.
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