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L'empire des séries. "Chimerica ", à la recherche de l'homme de la Place Tien'anmen

Chimerica est une mini-série en quatre épisodes, inspirée d'une pièce de théatre de la dramaturge Lucy Kirkwood. La série est diffusée sur Canal + séries et la plateforme Mycanal.

Article rédigé par franceinfo - Laurent Valière
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le Printemps de Pékin reconstitué dans la série "Chimerica" (ALL3MEDIA INTERNATIONAL / PHOTO NUMÉRIQUE)

Mai 1989. Le printemps de Pekin. Des étudiants chinois manifestent pour une démocratie politique et sont rejoints par d’autres catégories sociales. Sur la place Tien’anmen une image fait le tour du monde : un homme seul frêle, des sacs en plastique à la main, tient tête à un char de l’armée. Cette image est le point de départ de cette très belle série britannique Chimerica.

Lee Berger est photographe dans un puissant quotidien new yorkais. Mais il vient de se faire attraper pour avoir truqué une photo qu’il a prise en Syrie en 2016. Celui qui, jeune journaliste, avait photographié à Pékin celui qu’on appelle L’homme au char" devient obsédé par l’idée de le retrouver, comme une rédemption. La série Chimerica en quatre épisodes se déroule ainsi aujourd’hui entre une Amérique prête à élire Donald Trump et une Chine où la censure continue de régner.

J'étais fascinée par le mystère au cœur de cette photo

Lucy Kirkwood, auteur de "Chimerica"

franceinfo

Elle est inspirée d’une pièce de théâtre à succès signée il y a cinq ans par Lucy Kirkwood. "Tout a débuté par une fascination pour cette fameuse photographie, sur la place Tian’enmen en 1989, et dans la même période j’ai réalisé mon ignorance complète de la Chine, alors que je me rendais compte que le pays allait devenir la prochaine super puissance mondiale. J’ai effectué beaucoup de recherche, j’ai parlé à beaucoup de gens." 

Je me suis nourri de thrillers politiques des années 70 comme "les Hommes du président"

Michael Keillor, réalisateur de "Chimerica"

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La série Chimerica suit la quête de ce journaliste et s’interroge sur l’information aujourd’hui. Alors que Donald Trump est élu démocratiquement en critiquant la presse, et que la Chine est surveillée par le pouvoir et que les réseaux sociaux y sont censurés. Le réalisateur Michael Keillor avait deux inspirations. "J’ai regardé des thrillers politiques des années 70 comme les hommes du président. Et en même temps j’ai regardé beaucoup des documentaires d’époque sur ces événements à Pékin. C’était important pour moi de revenir à l’esthétique de cette période où on croyait les journaux d’information, et de la mélanger à l’esthétique de la période actuelle où se déroule l’histoire."

La beauté de la série se révèle à la fin. Aujourd’hui on ne sait toujours pas qui était l’homme au tank. Lucy Kirkwood : "Etant donné ce qu’on sait sur les évènements de 1989, je crois qu’il serait optimiste de croire qu’il est encore vivant. Mais  je préfère croire qu’il est vivant que mort."

Chimerica : une réflexion politique sur le journalisme aujourd’hui,  les réseaux sociaux. Une fiction qui raconte un certain printemps à Pékin gorgé d’espoir.

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