C'estvraiment le sentiment qui domine ce soir. Comment pourraient-ils se réconcilieraprès ça ? Ça... c'est-à-direaprès s'être traités de fraudeurs, et de tricheurs. Ça... c'estaussi une détestation palpable entre des personnalités qui ne se font plusconfiance.Quand FrançoisFillon explique qu'il n'a pas confiance dans les instances de son parti, celarevient à dire qu'il n'a pas confiance en Jean-François Copé.Quand le brasdroit de Jean-François Copé, Jérôme Lavrilleux parle des turpitudes de l'entouragede l'ancien Premier ministre, on en arrive à un point de non retour évident. Surtout quele dit "entourage", c'est-à-dire Eric Ciotti, envisage de poursuivre Jérôme Lavrilleuxsur le plan judiciaire. Franchement,on est plus dans le registre du règlement de compte personnel, que dans leregistre politique.Mais alors, apparemment, les deux camps acceptentla proposition d'Alain Juppé. On devrait en sortir quand même ?Vous avezraison de dire "apparemment". Car si lecamp Copé accepte la création d'une commission Juppé, indépendante, si le camp Fillonl'accepte également, reste une question, quelle sera la base de travail decette commission ? Si c'estuniquement sur la foi du rapport de la COCOE et de la commission des recours del'UMP de Jean-François Copé, les fillonistes ne vont pas être d'accord. Ce point doitêtre éclairci. Mais AlainJuppé a prévenu, pas question de se laisser " instrumentaliser dans desconfrontations délétères ".Et l'on peut logiquement penser que l'ancienPremier ministre aura suffisamment d'autorité pour travailler sereinement .. Il est leplus capé.Ancien Premierministre. Ancien secrétaire général du RPR. Président fondateur de l'UMP,sacrifié, car condamné par la justice en qualité de second de Jacques Chirac,mais d'une loyauté sans faille envers son mentor, Alain Juppé devrait parvenir à dire qui avraiment gagné cette élection. Les deux candidatsseront-ils ensuite capable de se serrer la main, de se faire une accoladeamicale crédible ? Comme on dit souvent,poser la question, c'est y répondre.Difficile d'imaginercette photo aujourd'hui. Et pourtant ; l'avenir de l'UMP passe par là. Chaque foisqu'elle a été divisée la droite a perdu. Pas un UMP n'ignore cet adage.Alain Juppé pourrait-il jouer le troisièmehomme et s'installer à la tête de l'UMP ? D'après unproche, le maire de Bordeaux serait surtout préoccupé par sa réélection en Il ne s'imaginait plus vraiment un avenir national. Il peut toujourschanger d'avis, mais pas maintenant. Si AlainJuppé laisse entrevoir le moindre désirde travailler pour lui-même, il sapera toute son autorité, et gâcherait toutespoir de trouver une issue à ce maelstrom.L'UMP, c'estun peu le bébé d'Alain Juppé, c'est lui qui a fondé ce mouvement dont la seuleraison d'être est l'unité de la droite.Vu le pointoù en est l'UMP aujourd'hui, (son existence même est menacée), si Alain Juppé réussità sortir le mouvement de cette ornière, cela pourrait suffire à son bonheur. Et Nicolas Sarkozy ? est-ce que cettecrise pourrait favoriser son retour en politique ?Certains deses amis le pensent. Ce seraitquand même difficile. L'ancien président de la République, ancien patron de l'UMPne peut pas être exonéré de toute responsabilité dans ce qui se passe aujourd'hui. En se tenantà distance de la vie politique en général et de celle de l'UMP, en particulier,Nicolas Sarkozy a laissé son camp assez déboussolé, sans gouvernail, jusqu'àces errements au gré de vents de l'ambition de ses successeurs. Et puis, ses démêlésjudiciaires ne le mettent pas dans la meilleure des positions pour trancher undossier dans lequel chacun menace de s'en remettre à la justice. Non, ce soir,franchement, l'UMP va bien mal, et son sauveur ne s'est pas fait connaître.