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Tireur fou : unanimité des politiques face à la violence contre la liberté de la presse

Quand la presse est prise pour cible par un tireur armé d'un fusil, les réactions sont unanimes.
Article rédigé par Marie-Eve Malouines
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 20 min
  (©)

De l'UMP au PS
en passant par le FN, pour une fois, les mêmes mots reviennent dans les
déclarations officielles : le soutien ou la solidarité avec la presse et l'établissement d'un lien entre la liberté de la presse et la démocratie
dans un Etat de droit.

"Dans un pays de droit, nous devons
protéger les organes de presse
", a affirmé François Hollande, au nom de la
liberté d'informer. "La
liberté d'information et d'expression sans
lesquelles il n'y a pas de démocratie possible
", a renchérit Jean-François
Copé, pour l'UMP, tandis que François Fillon notait dans un communiqué qu'il n'était pas "anodin " que les premiers tirs lundi matin aient eu lieu "au sein d'un journal qui participe à la vitalité de notre démocratie ". Des propos repris par l'ancien Premier ministre sur Twitter :

"La
liberté de la presse est une condition indispensable de l'exercice de la
démocratie
", a souligné également le Front National dans un communiqué.

Plusieurs responsables,
dont Bertrand Delanoë,  Anne Hidalgo et Nathalie
Kosciusko-Morizet se sont rendus également au siège de Libération aujourd'hui, pour
manifester leur solidarité.

Un jeune assistant photographe est entre la
vie et la mort ce soir, cette unanimité n'est pas totalement surprenante non
plus...

Non, c'est
le contraire qui serait étonnant, c'est vrai. Mais il y a
quand même, une évolution du climat politique.

Ces tirs
aveugles, pour tuer, interviennent deux semaines après l'exécution de deux
journalistes Français au Mali
, une semaine après les sifflets essuyés par le chef
de l'Etat lors des commémorations de la première guerre mondiale (par des
groupes d'extrême droite).

Aujourd'hui le
tireur fou, dont on ne connaît pas les motivations, n'a pas visé que la presse,
mais aussi une banque à la Défense. Le point
commun, c'est une violence aveugle, exaspérée peut-être, mais qui donne le
sentiment de viser des piliers de la démocratie.

Et il semble
que des responsables politiques commencent à s'interroger.

Ce soir, le
président de l'UDI, Jean-Louis Borloo, peu enclin à la conciliation avec le pouvoir
de gauche, en "appelle à l'union autour du président de la République et
du gouvernement
". Il a insisté sur le climat actuel "marqué par une montée de la violence ".

Il y a une prise de conscience ?

Du coté de Jean-Louis
Borloo, cela y ressemble. Et de fait,
les responsables politiques à tous les niveaux devraient sans doute s'interroger
sur leur responsabilités.

Il y a eu
les injures et les insultes contre Christiane Taubira, la Garde des Sceaux.

Ce matin, la
première réaction, d'un responsable UMP a été de s'interroger sur Twitter, dans un message supprimé depuis : "Coups
de feu dans les locaux de libération, les Français sont-ils exaspérés de la
manipulation médiatique ?
"

Une réaction,
à chaud, isolée certes, avant que l'état critique du blessé soit connu, mais révélatrice
d'un état d'esprit, la justification, a priori, sans savoir, de la violence.

Tous ces événements
mis bout à bout en France traduisent une chose : certains tabous n'existent
plus, certains verrous démocratiques sautent.

Ce constat
interpelle en premier lieu ceux qui font vivre la démocratie, les Français, et
les responsables politiques, c'est pour cela qu'on les désigne ainsi.

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