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Ségolène Royal en mission déminage

Après l’écotaxe, Ségolène Royal récupère un autre dossier épineux : le devenir du barrage de Sivens. La ministre de l’Ecologie est chargée de dégager un compromis entre des points de vue radicalement opposés. Une posture politique de moins en moins à la mode.
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Pour être à la mode, il faut être clivant. Susciter l’adhésion ou le rejet, mais de façon claire et simple. Les deux derniers gros succès de librairie le prouvent. Eric Zemmour et Valérie Trierweiler ont trouvé la clé de la réussite médiatique et financière : provoquer des réactions passionnées qui aliment perpétuellement la polémique et relancent continuellement les commentaires.

Le barrage de Sivens appartient par nature à ces sujets clivants et passionnels. La mort de Rémi Fraisse suscite une émotion légitime que l’ancienne ministre Cécile Duflot a manifestée mardi à l’Assemblée nationale, en imposant une minute de silence à la mémoire du jeune manifestant. La séance des questions au gouvernement a démontré combien il était difficile de nuancer l’analyse politique de ce dossier.

La prime aux postures clivantes

Pour l’écologiste Cécile Duflot, la question est de savoir ce que le gouvernement va faire pour mettre un terme à ce projet de barrage et à tous les projets "stupides et dangereux " du même ordre. Pour l’UMP Christian Jacob, la question est de savoir si le gouvernement va "céder devant les casseurs ".

Deux points de vue à priori irréconciliables. Et pourtant, Ségolène Royal exclut le "tout ou rien" et prétend chercher une solution de compromis. La ministre de l’Ecologie dénonce tous les excès.

Ségolène Royal en réconciliatrice

Aussi bien à droite, quand un dirigeant de la FNSEA traite les manifestants de "djihadistes verts", qu’à gauche, quand Bernard Cazeneuve, le ministre de l’Intérieur a été décrit comme "manquant de cœur" par le président des sénateurs écologistes. Ségolène Royal l’affirme : "personne ne pourra interdire des travaux indispensables par la violence ". Une fermeté partagée par Manuel Valls.  "On ne cède pas à la violence ", martèle le Premier ministre, en pensant aux débordements des manifs pour tous.

Prise au pied de la lettre, l’affirmation n’apparaît pas clivante, mais son interprétation l’est un peu plus. Quand Ségolène Royal évoque une "erreur d’appréciation " à propos de ce projet, elle donne le sentiment que le barrage de Sivens n’est pas forcément indispensable, ou au moins dans ses proportions. Une phrase pas du tout appréciée par les élus socialistes locaux, favorables à ce barrage.

Un compromis impossible

Ségolène Royal espère pourtant trouver une sortie par le haut, en réunissant tous les acteurs, antagonistes, ce soir. Une démarche saluée par François Hollande. "Une bonne méthode ", a-t-il dit, en précisant ce qu’il entendait par là : "une réunion de concertation sur la base d’une expertise ". 

Il s’agit donc de dépassionner l’enjeu, d’organiser une discussion plus technique qu’émotionnelle vers un compromis. "Il faut que chacun comprenne qu’une part de sa vérité doit être remise en cause ", a expliqué Ségolène Royal devant les députés. C'est-à-dire qu’il faut sortir d’un débat clivant et obtus, pour au contraire faire des concessions et trouver une solution.

De la discussion jaillit la lumière, dit-on, une lumière moins spectaculaire mais nécessaire.

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