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Quand le démenti devient un indice de culpabilité

Après les aveux de Jérôme Cahuzac, Pierre Moscovici est devenu la cible quotidienne de l'UMP, qui l'accuse d'avoir voulu couvrir son ministre du budget. Les démentis quotidiens du ministre de l'économie n'y changent rien.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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L'affaire Cahuzac a fait basculer le débat dans l'ère du
soupçon. La parole du politique s'était déjà décrédibilisée, elle est
désormais soupçonnée
, à priori.Jusque-là, seules les promesses de campagne étaient jaugées
avec défiance.

"Les promesses n'engagent que ceux qui les croient"
disait l'adage inventé par Charles Pasqua.

Les campagnes électorales amenaient leur lot traditionnel de
"promesses de campagne", le terme lui-même est devenu un concept. La promesse de campagne est formulée dans le feu de la
période électorale, elle comporte toujours une part de rêve qui ne sera pas
totalement réalisée. Les électeurs le savent tacitement. Les candidats, notamment à la présidentielle, en sont conscients,
et évitent désormais de trop s'engager. Pour contenir les déçus, Nicolas Sarkozy a argué d'une crise
imprévisible. François Hollande a tenté de se prémunir en en promettant le
moins possible.

Mais Jérôme Cahuzac a inventé un nouvel adage, encore plus destructeur : "qui dément, ment ".

Qui dément, ment... ça
alors, oui, ce n'est pas très bon pour les politiques...

Il faut se souvenir de la fermeté du démenti de Jérôme Cahuzac
à l'Assemblée, doublé d'une plainte en justice, conjuguée au même démenti "droit
dans les yeux" vis-à-vis du président de la République. Un démenti, officiel, des plus crédibles. Et puis des aveux, en bonne et due forme, devant le juge. Tout
aussi clairs, nets, et précis. Résultat, dans notre conscience commune, bousculée par ce
mensonge, le démenti le plus formel rappelle le mensonge le plus officiel. C'est en ce sens, que même si elle relève d'une faillite
personnelle, l'affaire Cahuzac concerne bien le collectif politique.

Et Pierre Moscovici
est donc dans la nasse.

L'UMP a décidé d'en faire sa cible. Il n'est pas accusé sur la base d'un témoignage anonyme par
exemple, ou d'une pièce non sourcée... Le principal argument des UMP c'est le
soupçon sur son démenti.

Les deux députés UMP qui sont allés à Berçy hier, sont
ressorti bredouilles.

Mais cela ne les empêche pas de maintenir leurs doutes et
leurs accusations.

Ils venaient chercher des documents qu'ils n'ont pas trouvés.
Ils ne se plaignent pas d'avoir été empêchés de mener leur enquête. Aucun document
ne leur a été refusé. Et pourtant leur soupçon reste crédible.

Et pourquoi ce
soupçon devient il plus crédible que le démenti ?

Parce que Pierre Moscovici se défend avec conviction. Une certitude qui aurait séduit, il y a quelques mois
encore. Mais aujourd'hui, la conviction du démenti renvoie aux dénégations répétées
de Jérôme Cahuzac, et donc au mensonge.

Nous vivons donc bien une crise politique sans précédent. Quand
le démenti suggère le mensonge, seule l'action, et les résultats surtout,  peuvent encore peser un petit peu.

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