La primaire, c'était formidable ! La procédure a permis de mobiliser 3 millions desympathisants, futurs acteurs engagés de la campagne présidentielle. Elle a également permis de placer le PS au centre de l'actualitépolitique pendant plusieurs semaines, en offrant une image très positive du PartiSocialiste. La primaire a enfin légitimé le candidat investi, l'outsiderFrançois Hollande, et cela, malgré le gros accident de parcours nommé DominiqueStrauss-Kahn. A tel point que François Hollande l'a emporté, sur NicolasSarkozy, pourtant supposé être le champion toutes catégories des campagnesélectorales.Seulement, depuis son élection, François Hollande s'illustrepar d'autres innovations.Il apparaît comme le président élu dont l'état de grâce aduré le moins longtemps, à peine quelques semaines. Il est également le président dont la politique est inlassablementcritiquée par ses propres troupes.Et cet état de faitsserait du à la primaire ? Le fait est que la primaire a ouvert un débat qui n'a jamaisété refermé. Ce débat, il opposait les tenants d'une ligne social-démocrate,ou social- libérale, incarnée par François Hollande, qui n'a jamais caché sa volontéd'inscrire la maîtrise de la dette comme une priorité, et Arnaud Montebourg,arrivé troisième de cette primaire, tenant d'une autre ligne politique quiprivilégie la relance plutôt que les économies budgétaires.Entre les deux Martine Aubry, qui n'arrivait pas à sedéfaire de sa casquette de première secrétaire. François Hollande s'était totalement investi dans son rôle deprésident de la République potentiel. La patronne du PS, celle qui avait la main sur lesinvestitures, c'est Martine Aubry. François Hollande ne voulait surtout plus apparaîtrecomme le chef d'un parti qui avait décidé de son programme avant cetteprimaire. Pour les socialistes, (et au-delà du PS certainement) FrançoisHollande représentait donc l'instrument de leur victoire face à Nicolas Sarkozy,et non le chef d'orchestre de leur future gestion du pouvoir.C'est ce manque deleadership qui expliquerait les difficiles relations entre le couple exécutifet les parlementaires ? C'est une explication structurelle en tous cas. Faute d'avoir mesuré l'autorité directe de François Hollandesur les socialistes en tant que candidat, les parlementaires ne se sentent niredevables de leurs élection envers lui, ni même comptables de ses choix. Les supporters de Martine Aubry regrettent toujours lanomination de Jean-Marc Ayrault à Matignon. Ceux d'Arnaud Montebourg refusent toujoursd'adhérer à la ligne politique et économique du président.Tous sont convaincus de pouvoir influencer fortement FrançoisHollande.Est-ce la faute de la primaire ? Oui sans doute, dans la mesure où cette procédure n'a pasdésigné un chef, mais un candidat, et des challengers soucieux de cultiver leurscore (comme Arnaud Montebourg et ses 17%).Autrement dit, le bon vieux système du candidat patron de partiavait peut-être du bon. François Mitterrand et Nicolas Sarkozy l'ont au moins expérimentépendant un mandat. Jacques Chirac a eu plus de mal, précisément parce qu'il n'avaitpas voulu dissoudre et imprimer son autorité de président victorieux à une majoritéparlementaire de son bord, certes, mais élue avant lui.