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L’impatience de la droite, le complexe de la gauche

François Fillon enjambe les primaires internes à l’UMP et se dit déjà candidat pour 2017. Pendant que les anciens ministres de François Hollande font le récit de leur déception au sein du gouvernement. Nous ne sommes qu’en 2014, la droite se voit déjà à la porte de l’Élysée, et la gauche près de la sortie.
Article rédigé par franceinfo
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 En tout cas, une partie de la gauche, pense l’échec inéluctable.  Ce fatalisme conduit à cet étrange phénomène politique, qui fait qu’à peine sortis du gouvernement, les anciens ministres se précipitent chez un éditeur pour lui confier leur ressentiment.

A quelques semaines d’intervalles, Cécile Duflot, et Delphine Batho se délectent de cet exercice d’auto-justification.

L’une comme l’autre, elles affichent leur déception, et leur amertume vis-à-vis du président de la République.

Elles décrivent une même impuissance face à un François Hollande qu’elles critiquent violemment : il a tourné le dos à ses promesses. Arnaud Montebourg lui aussi a quitté le gouvernement. Il n’a pas pris la plume, mais il s’était confié à un biographe, Valentin Spitz, auquel, alors qu’il était encore ministre, il confiait  " avoir des rapports minimalistes avec le président, et se considérer en cohabitation"

La présidentielle 2017, seule élection qui intéresse Montebourg 

Comme si tous ces anciens ministres voulaient très vite prendre leurs distances par rapport au pouvoir qu’ils ont exercé.

Ils n’y ont surtout pas pris goût.  Au contraire, à les lire, l’exercice du pouvoir a été douloureux et frustrant, mais ils sont restés lucides, ils ont résisté. C’est l’idée très répandue à gauche que le pouvoir corrompt ? La sentence de Machiavel culpabilise toujours beaucoup à gauche. Delphine Batho prend soin de s’en distancer très formellement : "Je n’étais pas naïve , écrit-elle, je n’ai jamais pensé que gouverner c’est trahir, mais , poursuit l’ancienne ministre : " Je n’imaginais pas le degré de cynisme qui a immédiatement entouré l’exercice du pouvoir" . Cécile Duflot se décrit elle aussi comme une fille un peu trop ingénue dans un système de pouvoir plus rude qu’elle l’imaginait. Quant à Arnaud Montebourg, il a largement affiché sa stupeur d’avoir été limogé sans en avoir dit plus que par le passé. Mais aujourd'hui, Arnaud Montebourg ne s’en cache pas, la présidentielle, la prochaine en 2017, est la seule élection qui l’intéresse.  Comme si le quinquennat de François Hollande appartenait déjà au passé.

La droite est impatiente 

Delphine Batho s’exclame "quelle drôle d’idée !"  quand des ministres actuels pensent que François Hollande pourrait être en mesure de se représenter dans deux ans et demi. Elle le dit directement au président de la République  : "Au fond, tu le sais bien, il n’y aura pas de deuxième mandat pour toi."  La gauche préfère théoriser la meilleure façon de reprendre un pouvoir qu’elle n’a pas encore perdu, plutôt que l’exercer quand elle le détient encore. Peut-être subit-elle ce vieux complexe selon lequel elle serait illégitime à le pratiquer. Ce qui n’est pas le cas de la droite.  Dans toute l’histoire de la Cinquième République, vieille  de 56 ans, la France n’a élu que 2 présidents de gauche, François Mitterrand, et François Hollande.

L’exercice du pouvoir est exceptionnel à gauche, alors qu’il est une vieille habitude à droite. Et à l’inverse de cette gauche qui à mi-mandat pense déjà avoir perdu, la droite prépare tout de suite l’alternance.  Pour preuve, la bataille interne à l’UMP est déjà lancée pour 2017. Nicolas Sarkozy est sur les rangs, tout comme Alain Juppé, et François Fillon, prêt à s’affranchir des résultats d’une primaire interne. La droite est impatiente, elle a la culture du pouvoir.  Une forme de tradition assez entretenue par une gauche complexée et qui nourrit elle-même son procès en illégitimité.  

 

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