La législative partielle hier dans l'Oise est riche d'enseignements
La première chose: c'est un Parti Socialiste, une majorité, totalement disqualifiée.
Les enquêtes de satisfactions et d'opinions révèlent toutes la même chose, jour après jour.
L'exécutif n'est pas crédible. Pour faire un raccourci, sans trop caricaturer:
Les français ne croient pas ou plus en François Hollande et en Jean-Marc Ayrault pour faire bouger les choses pour changer leur quotidien.
Même s'il y a bien eu des réformes, un accord compétitivité, les emplois d'avenir et les contrats de génération.
Ces décisions ne sont pas comprises et même audibles.
François Hollande tentera de corriger cette perception jeudi soir à la télévision
Mais en attendant des jours meilleurs et surtout le retour de la croissance, le pouvoir en place aura du mal à convaincre dans les urnes.
Est-ce que ce désenchantement explique aussi la faible, très faible participation d'hier?
En partie, Quand à peine un électeur sur trois se rend aux urnes, c'est le signe évident d'un désintérêt.
Mais attention car entre les deux tours de cette élection partielle, la candidate Front National a quand même gagné 6 000 voix. Oui 6 000 voix!
Et c'est ça la vraie information du week-end: le vrai résultat qui doit interpeller tous les partis politiques: + 6 000 voix!
Des voix qui viennent forcément pour une part de l'extrême gauche, pour une part de la gauche de gouvernement et pour une autre part de l'UMP.
Ce que nous révèle donc cette élection dans l'Oise, c'est que le PS s'écroule, que l'UMP ne se refait pas une santé pour autant.
L'UMP ne profite pas des malheurs du pouvoir socialiste et peine à assumer son rôle d'opposant numéro 1.
L'autre extrême, l'extrême gauche ne profite pas non plus de ce délitement du PS et des Verts.
Ceci explique d'ailleurs peut-être cela. C'est peut-être parce qu'il ne voit pas les enquêtes d'opinions évoluer favorablement que Jean-Luc Mélenchon a tapé très fort sur le gouvernement ces derniers jours.
Comment expliquer quand même que le Front National profite autant de la situation?
Ce qui est sûr, c'est que ce n'est pas le talent de ses candidats qui permet au Front National de percer comme ça dans des scrutins locaux. Il y a le contexte économique et social. En clair la crise et le chômage bien sûr.
L'affaire des banques à Chypre aussi va dans le sens du Front National parti contestataire et anti-européen.
Le parti d'extrême droite profite sans se donner beaucoup de mal. Marine Le Pen n'était pas très présente ces dernières semaines dans les médias. Le parti d'extrême droite profite du ras le bol général.
Ce mélange de déprime de colère et de défiance collective, bref le terreau du Front National.
Vous ajoutez à cela la fabuleuse entreprise de dédiabolisation lancée par Marine Le Pen et sa garde rapprochée et vous avez tous les ingrédients pour que l'Oise ne soit pas dans un avenir proche un cas isolé
La porosité de l'électorat d'une extrême à l'autre des partis de gouvernement à l'extrême n'a jamais été aussi importante.
C'est la théorie des vases communicants mais qui n'alimente plus qu'un seul vase: celui du FN.
Mais tout le monde n'avance pas les mêmes raisons pour expliquer cette grande porosité.
Oui, c'est un peu "ce n'est pas moi le responsable,c'est l'autre "
Harlem Désir, le patron du Parti Socialiste, par exemple, a demandé aujourd'hui à l'UMP de clarifier sa position vis-à-vis du FN.
Le Parti Socialiste renvoie ainsi à la campagne très droitière de Nicolas Sarkozy en 2012 et accuse l'UMP d'avoir fait tomber les digues qui la protégeaient de l'extrême droite.
Vu du Parti de Gauche pour Eric Coquerel. Ce sont les socio-libéraux qui sont responsables du score du Front National, parce qu'ils ont brouillé selon lui, les repères entre la gauche et la droite.
Et chez les Verts, le Président du groupe écolo au Sénat, Jean-Vincent Placé, encore plus pessimiste, estime que;
Si le second tour avait été PS-FN, le parti de Marine Le Pen l'aurait emporté.
Quand à l'UMP tout le monde n'a pas accueilli avec joie le score de Jean-François Mancel. Au siège de l'UMP, aussi, on s'inquiète de la suite et notamment de cette idée qui pourrait revenir, celle d'accord locaux UMP/FN pour les prochaines échéances?.
Au-delà des spécificités locales donc propres à tout scrutin, ce résultat de l'Oise est donc un très mauvais signe pour les partis de gouvernemen: PS, UMP et pour l'extrême gauche.
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