L'Europe ne protège plus les faibles
La digue s'effondre...L'idée que l'Europe protège les peuples prend l'eau. Dans l'esprit des dirigeants européens, Chypre, c'est un
paradis fiscal où prospèrent les banques spéculatives. D'où l'idée de mettre à contribution ces épargnants fortunés. La réaction, hostile, de la Russie conforte cette idée. Or, à Chypre, comme partout ailleurs, il y a aussi des
petits épargnants, qui croyaient leurs petites économies à l'abri des décisions
européennes. Pris de court, ils n'ont pas pu retirer leur bas de laine. Ils
se sentent injustement maltraités, et avec eux, les petits épargnants français,
soutenus par les partis d'opposition.
Le gouvernement a
bien senti le mouvement, puisque le ministre de l'économie s'efforce aujourd'hui
d'adoucir la portée de la décision prise vendredi Bruxelles.
Le système chypriote était au " bord de la faillite ",
rappelle Pierre Moscovici, sans contester l'opération décidée par l'euro groupe.
Cet effort lui parait " logique ", mais le ministre socialiste insiste
sur le fait que tous les épargnants à Chypre, ne sont pas des " petits
déposants ". Pierre Moscovici sous-entend fortement que les autorités
chypriotes pourraient les ménager. A elle de décider comment elles entendent
répartir cette charge. Et si le gouvernement chypriote veut exonérer les
épargnants en dessous de 100 000
euros, le ministre français les soutiendra. Il précise d'ailleurs que cette position était la sienne
vendredi déjà.
Une précision à usage
franco-français....
Et cela se comprend, à regarder les réactions du Front
National et du PC. Les deux partis se rejoignent sur la dénonciation d'une
décision "autoritaire" de l'eurogroupe. Le parti communiste parle de "racket" et de "spoliation",
en jugeant que Chypre, sur ce point, constitue un "laboratoire" qui
préfigure un avenir "désespérant" en Europe., Pour le FN, cette décision "touche les petits"
et suscite de la "défiance" si ce n'est de la "panique". "L'euro devient un instrument de déstabilisation
générale " assure le FN Florian Philippot.
Des analyses que
conforte la législative partielle dans l'Oise ce week-end, où le second tout
opposera le candidat sortant UMP face à celle du Front National. Le PS étant
éliminé dès le premier tour.
"Une très belle dynamique, se gargarise Florian
Philippot pour le FN, qui rêve tout haut désormais, d'arriver en tête, devant
le PS et l'UMP, aux prochaines européennes. "Les peuples témoignent de leur très vif
mécontentement face à cette politique d'austérité " prévient le communiste
Olivier Dartigolles pour en appeler au changement.
En donnant le sentiment de piocher dans les économies des
petits, sur décision européenne, l'eurogroupe tourne le dos à ce qui
constituait le seul atout de la construction européenne : certes, elle
imposait des efforts, mais elle constituait un bouclier pour les plus démunis. Cette certitude vacille, et explique le paradoxe des
derniers sondages : la gauche au pouvoir est à la peine, grandement, mais cette
déception ne profite pas à la droite de pouvoir, c'est-à-dire l'UMP. Quand son doute grandit, l'électeur a désormais tendance à
se tourner vers ceux qui expriment la même colère que lui.
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