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Hollande et Ayrault obligés de porter le chapeau

L'info politique, c'est un chiffre : 3 millions de chômeurs. Une réalité qui s'impose au pouvoir en place. François Hollande et Jean-Marc Ayrault ne peuvent plus accuser Nicolas Sarkozy.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Franceinfo (Franceinfo)

Il y a des chiffres qui balaient tous les commentaires et toutes les
postures politiques. Il y a désormais plus de 3 millions de personnes en
France, à la recherche d'un emploi. Michel Sapin, le ministre du travail l'a
admis ce week-end. Un tel chiffre donne le ton de la rentrée. Ce que les
français attendent, ce ne sont plus des explications ou des promesses, ce sont
des actes, et des résultats. François Hollande et Jean-Marc Ayrault ne peuvent
plus faire porter le chapeau des difficultés à Nicolas Sarkozy. Peu importe,
par qui, et comment, le lait a été renversé. Il faut maintenant réparer les
dégâts. Le président et son Premier ministre sont conscients de cette
évolution. François Hollande le concède publiquement : " il ne s'agit
plus de juger le passé, mais d'agir aujourd'hui pour préparer
l'avenir ". Et tous ceux qui ont assisté à ce discours présidentiel
vendredi, l'ont remarqué, le chef de l'Etat a fait l'impasse sur son habituelle
litanie des erreurs et responsabilités sarkozystes.

François Hollande qui surfe sur l'anti-sarkozysme... c'est une image qui
appartient au passé donc ?

Visiblement, cet argument est rangé dans les archives de campagne. François
Hollande s'en est beaucoup servi pour l'emporter face au président sortant, mais
la posture n'a pas résisté à l'été. A force d'être normal, François Hollande a
paru banal. Et son Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, coordinateur d'une
politique pas très affirmée, a paru inconsistant. Les états d'âme ont filtré,
au sein de la majorité, pour critiquer le manque d'autorité du Chef du
gouvernement. Et du coup, François Hollande et Jean-Marc Ayrault se montrent
plus fermes aujourd'hui. François Hollande parle d'une " crise d'une
gravité exceptionnelle " et Jean-Marc Ayrault rappelle ses troupes à
l'ordre, " les petites phrases " sont bannies, leurs
auteurs devront prendre leurs responsabilités. Et l'opposition s'en donne à
cœur joie pour fustiger la naïveté du pouvoir qui semble découvrir l'ampleur
crise. Les UMP sont ravis, évidemment, de reprendre leurs arguments de campagne
sur l'inexpérience et l'amateurisme des socialistes. Les commentaires critiques
fleurissent sur ce pouvoir qui prend conscience de la réalité au bout de 100 jours.
Le procès est un peu excessif. François Hollande et Jean-Marc Ayrault
connaissaient la dégradation de la situation de la France. L'erreur serait
plutôt dans le choix de campagne de François Hollande. Fidèle à sa stratégie
prudente, le corrézien a fait juste ce qu'il fallait pour gagner. Il a d'abord
battu Nicolas Sarkozy, avant de chercher l'adhésion à sa personne, ou à un
projet, qu'il a dévoilé le moins possible. Une attitude prudente, qui présente
ses avantages et ses inconvénients. En ne cherchant pas l'enthousiasme,
François Hollande se met un peu à l'abri des désillusions. Pour être déçu par
un projet, encore faut-il y avoir cru. Mais faute de croyance, la confiance est
absente. C'est ce que recherchent François Hollande et Jean-Marc Ayrault
désormais, que les français leur fassent confiance, c'est-à-dire qu'ils se
montrent un peu patients, et qu'ils leur accordent un peu de temps.



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