Pour une fois, François Fillon se poste en première ligne,en solitaire.Ses ennemis lui reprochent d'avoir grandi à l'ombre de sesmentors : d'abord Joël Le Theule dans la Sarthe, puis Philippe Séguin, avecune incursion auprès d'Edouard Balladur pour la présidentielle de 95, avant derevenir dans le giron chiraquien, jusqu'à son éviction du gouvernement par Dominiquede Villepin, et le ralliement à Nicolas Sarkozy. Premier ministre de l'ancien président, il laisse filtrerses agacements, mais sans jamais aller jusqu'au conflit en bonne et due forme. Il tient ainsi cinq ans dans l'ombre de Nicolas Sarkozy. Il ygagne une stature d'homme d'état, mais ce n'est pas suffisant pour s'imposer à latête de l'UMP. Face à un Jean-François Copé qui colle au bilan de NicolasSarkozy, François Fillon avait choisi un entre-deux ambigü. Cette fois-ci, il tranche. Il mène une opération solitaire, de numéro 1 assumé, pour êtrecandidat en 2016, à la primaire, puis en 2017, à la présidentielle.François Fillon assurequ'il se prépare pour être candidat, pas qu'il est candidat. La nuance estimportante ?... François Fillon est un économe de l'annonce. Avec lui, c'est une info à la fois. L'information de cette séquence, c'est qu'il se prépare pour2017, et qu'il ne fait que cela, stratégiquement. C'est la raison pour laquelle il n'est pas candidat à Paris,et pas forcément à la présidence de l'UMP. Concernant Paris, le message est simple. Il faut unenouvelle équipe, qui ne se consacre qu'à cela, et qui ne se serve pas de cetteélection comme d'un marche pied.Officiellement, il s'agit d'un soutien à NathalieKosciusko-Morizet. En réalité, François Fillon enferme une potentielle rivaledans cette aventure municipale. Concernant la présidence de l'UMP, François Fillon veut pouvoirajuster sa stratégie à celle de son rival Jean-François Copé. Si Jean-FrançoisCopé est candidat à sa succession, l'ancien Premier ministre disposera de deuxoptions. Ou bien tenter d'imposer l'idée que le président de l'UMP nepeut participer à la primaire, ou bien, être candidat face à Jean-François Copé,au risque de rejouer la désastreuse partie de décembre dernier.Reste un troisième homme,Nicolas Sarkozy.François Fillon luirègle son compte en quelques phrases. Après l'échec de la présidentielle et des législatives,(sous entendu portés par Nicolas Sarkozy), tout le monde se trouveau même niveau. "S'il s'engageait" dans la reconstruction d'unprojet et d'une relation de confiance avec les français, et s'il "réussissait",alors François Fillon "soutiendrait" Nicolas Sarkozy. L'ancien président de la République ne bénéficie plus d'aucunstatut privilégié, à en croire François Fillon. Si Nicolas Sarkozy veutrevenir, il ne lui suffira pas de le souhaiter, il lui faudra s'imposer. De prime abord, François Fillon semble alimenter une lectureassez modeste de son retour. Il ne brigue ni la mairie de Paris, ni la présidence de l'UMPpour l'instant, et il se prépare, simplement, pour la primaire de 2016. En réalité, il tient le discours du faux-modeste. Il ne pense plus qu'à 2017, et cherche àimposer ses règles du jeu, aux dépens de ses rivaux.