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En Congrès, le PC repense sa position

Le 36ème congrès du Parti communiste s'ouvre aujourd'hui à Saint-Denis. Coincés entre la présidentielle de 2012 et les municipales de 2014, les communistes sont un peu à la croisée des chemins...
Article rédigé par franceinfo
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Pour la présidentielle, ils ont joué l'autonomie vis-à-vis
des socialistes, et la grande entente avec Jean-Luc Mélenchon, leur candidat,
au sein du Front de gauche. Pour les municipales, l'intérêt politique n'est
plus le même. Les socialistes sont des alliés utiles pour préserver l'implantation
locale des communistes. Lesquels ont, par ailleurs, tout intérêt à sortir de
leur tête-à-tête avec Jean-Luc Mélenchon.

Sur ce point, ils semblent sur la bonne voie. L'image du
parti ne s'est pas diluée dans celle du Front de gauche. L'identité communiste
existe toujours aux yeux de l'opinion.

Leurs récents coups d'éclats, contre certains textes du
gouvernement, les y ont aidés.

Effectivement, au Sénat, les communistes ont participé, avec
la droite, au rejet des projets du gouvernement. Ce qui a permis aux
socialistes de les accuser d'avoir franchi la ligne, de s'être délibérément
placés dans le camp de l'opposition.

Un mauvais calcul, en vue des municipales, souligne le PS.
"Après le non-soutien  et la non-participation,
le PC invente la contestation au sommet, et l'union à la base, bonjour les
adducteurs !" se moque Jean-Christophe Cambadélis. Le député socialiste de
Paris pointe la contradiction des communistes : comment rester alliés à Jean-Luc
Mélenchon, qui à la moindre faiblesse, les déborderait sur leur gauche
protestataire, tout en s'entendant avec les socialistes, sur leur gauche
gestionnaire ?

Car si les communistes assument leur culture protestataire
au niveau national, ils incarnent aussi une culture gestionnaire au niveau
local. Or, pour exister au niveau hexagonal, le PC a besoin d'exister au niveau
communal, et inversement.

Et ce paradoxe embarrasse le parti communiste...

Pierre Laurent s'efforce de clarifier sa ligne : "On n'est
pas d'accord avec le gouvernement, précise le leader communiste, mais on ne
fait pas le pari de l'échec", ce qui est supposé être la stratégie de Jean-Luc
Mélenchon.

Les communistes ne peuvent se permettre le même calcul que
le parti de gauche, du fait de leur implantation sur le terrain. Les
socialistes le savent, ils en voudraient la preuve.

"Le parti communiste doit être utile par ses
proposition à la gauche", insiste le premier secrétaire Harlem Désir. Pour
les communistes, la proposition ressemble à un alignement inacceptable. La
question se résume donc ainsi : peut-on être alliés tout en étant préservant sa
différence ?

Les Verts et certains socialistes y parviennent bien. Les écologistes
parce que leur participation au gouvernement atténue leurs incartades. Les
socialistes de Maintenant la gauche défendent des points de vue "partagés
par les communistes", selon Pierre Laurent. Ils assument leur identité,
puisque de fait, ils sont au PS. En refusant d'entrer au gouvernement, les
communistes se sont compliqué la tâche. Pierre Laurent l'assure : "Ce
congrès marque une transformation du PC, vers un communisme de nouvelle génération".

Etre à la fois dedans et dehors. La posture est inédite. Mais
en politique, rien n'est impossible.

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