Édito
Les contradictions européennes du RN

À moins de trois mois des élections européennes de juin, le RN caracole en tête des intentions de vote, mais son programme est parfois difficilement compréhensible.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Le président du Rassemblement National (RN-Rassemblement National en français) Jordan Bardella (à droite) et la leader parlementaire du parti Marine Le Pen (à gauche), lors du lancement de la campagne électorale européenne à Marseille, le 3 mars 2024. (GUILLAUME HORCAJUELO / EPA)

Le programme européen du RN, disons que c’est du "en même temps" ! Oui, en même temps très contre l’Union européenne… et un tout petit peu pour. Plus question de sortir de l’euro, cela effrayait les électeurs, Marine Le Pen a changé d’avis. Tant pis si elle répétait que 80% de son programme était inapplicable si la France conservait l’euro. Pour le parti d’extrême droite, l’Europe reste un carcan, une "prison", mais il n’est plus question de s’en échapper. Officiellement plus de Frexit donc, même si la logique du programme, à commencer par le rétablissement de la primauté du droit français sur le droit communautaire, conduirait à la sortie de la France de l’Union européenne.



Jordan Bardella, invité de Demain l'Europe, vendredi 22 mars, sur franceinfo, tête de liste du Rassemblement national dit vouloir bâtir une "alliance européenne des Nations". Une Europe à la carte où chacun ne piocherait que ce qui lui plaît, un peu comme une copropriété, sans règlement. Avec qui nouer cette "alliance" ? Mystère. Les eurodéputés du RN ne siègent pas dans le même groupe que ceux des deux seuls gouvernements nationalistes, sur 27, l’Italie de Giorgia Meloni et la Hongrie de Viktor Orban. Au Parlement européen, les alliés du RN sont rares et encombrants : la Ligue italienne, dont le chef Matteo Salvini vient d’approuver l’élection russe truquée par Vladimir Poutine. Et l’AfD, le parti d’extrême droite allemand, qui a rencontré il y a quelques mois des dirigeants néo-nazis pour préparer un projet d’expulsion de centaines de milliers d’étrangers et d’Allemands d’origine immigrée. L’initiative a froissé Marine Le Pen, mais le RN n’a pas rompu avec l’AfD. 

Tout et son contraire

En tout cas, pour le moment, les sondages donnent Jordan Bardella en tête du scrutin. Pour l’emporter, il mise sur l’antimacronisme, plus que sur le projet européen du RN ou le bilan de ses sortants. Il faut dire que leurs votes sont souvent plus confus que leurs slogans de campagne. Ils se sont, par exemple, opposés à tout renforcement des moyens de Frontex, le dispositif de surveillance des frontières, avant d’en récupérer l’ex-patron sur leur liste. Ils combattent le pacte Asile et migration soutenu par Giorgia Meloni pour contrôler plus étroitement les arrivées de migrants. Et sur l’agriculture, Jordan Bardella, qui charge aujourd’hui l’Europe, a approuvé la réforme de la Politique agricole commune. Il y a toutefois un sujet sur lequel les élus RN sont constants : ils refusent d’approuver les mesures de soutien économiques et militaires à l’Ukraine. Comme s’ils redoutaient de froisser le Kremlin.

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