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Édito
En annonçant "une initiative politique d'ampleur", Emmanuel Macron reprend la main
Une "initiative politique d’ampleur" pour "essayer de réunir autour d'un projet clair et simple tous ceux qui veulent s'y retrouver, sans leur demander d'adhérer à tout" : en lisant cela, dans un premier temps personne n’a compris. Pas même les piliers de l’exécutif et de la majorité, obligés d’aller à la pêche aux infos. "Je ne vois pas du tout à quoi il fait référence", nous dit un ponte de l'Assemblée. C’est donc l'Elysée qui s’est chargé de mettre un peu de contenu dans cette fulgurance.
Institutionnellement, c’est plutôt le rôle d’Elisabeth Borne. Le chef de l'Etat avait d'ailleurs chargé sa Première ministre d’élargir la majorité et de construire des coalitions de projet. Et vous vous dites sans doute qu’une série de rendez-vous à l’Elysée, c’est un peu décevant quand on annonce une initiative politique d’ampleur. Mais l’ampleur est précisément là : si tant est qu'il l'ait jamais laissée, Emmanuel Macron reprend la main. Ostensiblement. Elisabeth Borne a certes réussi à faire passer des textes, mais en termes d’élargissement, on ne peut pas dire que ce soit un succès. "Elle a essayé", disait sobrement le président lors de son interview télévisée depuis Nouméa, le 24 juillet.
"C’est sa préoccupation depuis le début, il cherchera toujours à tendre la main"
Un conseiller du chef de l'Etatà franceinfo
Son entourage s’agace quand on avance qu’il acte définitivement l’échec de sa Première ministre sur ce point. Sauf que c’est bien l’analyse des cadres de la majorité eux-mêmes : "Il ne laisse vraiment à Borne que son bureau", nous textotait l’un d’entre eux mercredi soir.
À la fin c’est toujours lui qui tranche. Donc s’il y a des compromis à faire, voire des concessions, pour se mettre d’accord au-delà de la majorité actuelle sur un projet rassembleur, c’est lui qui peut les faire. Sauf qu’à la lecture de cet entretien, les choses semblent assez mal engagées : il installe la perspective du 49.3 pour faire passer le texte sur l’immigration. Il refuse de se laisser embarquer par Les Républicains et l'extrême droite sur la question identitaire. Il parle de "politique de peuplement" pour défendre l’idée qu’il faut répartir les immigrés sur le territoire pour une meilleure intégration. Il exclut de supprimer les allocations familiales aux familles des émeutiers. Le message global penche plutôt à gauche, quand le lectorat du Figaro Magazine est à droite. Résultat : mercredi soir, dans le flou, les futurs invités se taisaient ou haussaient les épaules, lassés.
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