Édito
De Michel Sardou à Aya Nakamura, la déclinaison musicale du "en même temps" cher à Emmanuel Macron

Le président de la République a choisi Aya Nakamura pour les JO et va décorer Michel Sardou de l’insigne de commandeur de la légion d’honneur en juin, un grand écart musical qui n'est pas dénué d'arrière-pensées politiques.
Article rédigé par franceinfo - Benjamin Sportouch
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Emmanuel Macron attend l'arrivée du chancelier autrichien avant un déjeuner de travail à l'Elysée à Paris, le 4 avril 2024. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Emmanuel Macron va, comme l'a révélé l'Obs mardi 9 avril, décorer Michel Sardou de l’insigne de commandeur de la légion d’honneur, son plus haut grade, en juin. Le chef de l’État est un grand amateur de chanson française et en particulier de Michel Sardou, mais on ne peut pas se contenter seulement d’une lecture musicale de cette décision. Il y a bien sûr un sens politique sous-jacent. 

Michel Sardou, c’est d’abord un chanteur populaire qui transcende les clivages sociaux. L’honorer c’est donc parler à une grande partie de la France. Qui à cette table ne connaît pas l’un de ses tubes ? Politiquement en revanche, il est plus discuté, Michel Sardou, et Emmanuel Macron le sait bien, représente une vision conservatrice, parfois passéiste, de la société revendiquée par l’artiste et que l’on retrouve dans les textes de certaines de ses chansons. 


Michel Sardou, c’est l’anti-bobo provocateur qui plaît à la droite. Et donc beaucoup moins à la gauche. L’annonce de cette décoration confirmée par l’Élysée a déchaîné les commentaires. Pour s’en féliciter mais aussi pour s’en agacer, voire pour s’en offusquer. C’est le cas de la socialiste Laurence Rossignol mais aussi de Sandrine Rousseau. Dans un tweet rageur, Sandrine Rousseau renvoie dos à dos Emmanuel Macron et Michel Sardou dans “‘un patriarcat qui va tomber” et qui “vacille déjà”. Un prêté pour un rendu en quelque sorte puisqu’il faut rappeler que le chanteur s’en était pris nommément à la députée féministe dans l’un des concerts de sa dernière tournée à succès. Un chanteur qui selon un membre de l’entourage du président de la République cité par l’Obs "a su diagnostiquer le mal-être masculin". On ne trouvera pas mieux pour cliver. Mais dans le même temps Emmanuel Macron a choisi Aya Nakamura pour les JO.

Plaire et déplaire à la droite comme à la gauche

La chanteuse pop, hyperpopulaire, sera de la partie, à la cérémonie d’ouverture ou de clôture, le chef de l’État l’a confirmé. Pour le coup, ce choix a déchaîné l’extrême droite mais aussi la droite, jusqu’au président du Sénat Gérard Larcher, qui n’a pas livré sa meilleure partition à cette occasion. À l’époque, les mêmes élus de gauche, qui fustigent aujourd’hui la cérémonie de décoration à venir de Michel Sardou, saluaient alors l’audace présidentielle. Michel Sardou, Aya Nakamura : voilà donc une autre déclinaison du même temps, le refrain préféré du chef de l’État. Un grand écart musical mais aussi électoral, pour tenter de plaire à la droite et à la gauche, et par là même de déplaire à l’une et à l’autre. Un exemple parfait de transgression comme Emmanuel Macron les affectionne. 

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