Du côté du Front national, l'analyse est unanime.Cette défaite électorale constitue une victoire politique. Un peu plus de 10 ans après la qualification de Jean-MarieLe Pen pour le second tour de la présidentielle le 21 avril 2002. Deux ans après l'accession de Marine Le Pen à la présidence du mouvement, leFront National est devenu un parti incontournable. Jusque là, les scores du FN, surtout lors d'électionspartielles, s'expliquaient par la forte abstention de l'électorat de sesrivaux. Son nombre d'électeurs n'augmentait pas.A Villeneuve sur Lot, au premier tour le Front National aprogressé de 1000 voix en une année. Il en a gagné 7 000 au second. Preuve qu'un verrou asauté, le vote Front National s'est banalisé.Ce qui fait dire auxresponsables UMP que le Front Républicain, contre le FN, a vécu.Les UMP sont assez unanimes là-dessus, et la gauche leconstate aussi, une partie de l'électorat de gauche a du mal à suivre laconsigne, et à voter UMP au second tour. Pour l'UMP, c'est lapreuve que le Front National est devenuun souci pour la gauche. Jean-François Copé en est persuadé, Villeneuve sur Lot, c'estune victoire pour l'UMP, et une défaite pour la gauche, un rejet de la politiquede François Hollande. Les socialistes renvoient la balle à l'UMP. C'est la proximité du mouvement de Jean-François Copé avecles idées extrêmes qui alimente le doute de ces électeurs. À trop copier les thèmes du FN, l'UMP ne ferait que renvoyerses électeurs à l'original. L'argument, basé sur le slogan du Canada Dry, date des années80/90, quand Jean-Marie Le Pen faisait figure d'épouvantail de la vie politique. La donne s'est modifiée depuis.La qualification de Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle,début de la dédiabolisation du mouvement, c'était en 2002, il y a 11 ans. EtienneBousquet-Cassagne, la candidat du FN à Villeneuve sur Lot, avait alors 13 ans seulement.Le FN n'est plus incarné par un homme blond, au bandeau noirsur l'œil, provocateur, cultivant la nostalgie brune, mais par sa fille, ou sa nièce, souriantes et cultivantleur profil de voisines de palier.Le Front National estdonc devenu un parti comme les autres. En même temps que le Front National se banalise, lasituation économique s'aggrave. Et les partis de pouvoir, comme le PS, et l'UMP, semblent impuissants, ou désorientés face à cette tourmentemondiale. L'UMP, rejetée en 2012, hésite toujours entre deuxlignes. Reprendre les arguments du FN, pour absorber ses électeurs. ou bien dresserune digue, avec le centre. Le PS, est partagé lui aussi. entre une ligne conduite parle président de la République, basée sur la constance, et l'impatience decertains des siens, qui réclament unchangement de ligne. Un point commun entreces deux partis de gouvernement, l'incertitude, le flou, sur la ligne à tenir.c'est aussi ce qui fait la force de la contestation du FN, elleest critiquable, mais ne souffre d'aucune ambiguïté.