Dialogue de sourds autour d'un dérapage
C'est ce qui est le plus frappant, dans le discours politique
concernant la gestion des comptes publics.
La croissance n'étant pas au rendez-vous, François Hollande avait
fini par l'admettre, le chiffre magique des 3% ne serait pas atteint cette
année.
Un constat, mais pas un mea culpa.
Dans la foulée, le gouvernement confirme ses intentions, il
n'est pas question de tomber dans l'austérité.
Pas question de réduire les dépenses de la façon drastique
dont le réclame l'opposition de droite.
Des pistes sont bien à l'étude, comme la réforme des
retraites, la politique familiale et les aides aux entreprises, mais elles en
sont encore au stade de la réflexion. Le gouvernement est soucieux de ne pas tuer
dans l'œuf une croissance inexistante.
Pourtant l'opposition
réclame à corps et une réduction conséquente des dépenses.
L'ancien ministre du budget Eric Woerth n'en démord pas, le gouvernement
doit changer de politique, il le dit et le redit dès que l'occasion se présente...
comme ce matin.
" Tous les
chiffres... tous les intentions du gouvernement sont archi-fausses
malheureusement. Nous l'avons dit au gouvernement dès la présentation du
budget. Le gouvernement s'est entêté à
vouloir croire ses prévisions. C'est une erreur monumentale. C'est une chute
libre sur l'ensemble des prévisions économiques de notre pays. A al fois en
terme de chômage, de déficit, de croissance. Il faut réagir de façon extraordinairement
forte, en supprimant toutes les intentions de dépense supplémentaires. Il faut
maintenant une réduction des politiques publiques, qui avait été menée sous le gouvernement
précédent. Il faut le reprendre avec les mêmes intentions, la même vigueur, la
même transparence, sinon la France va
dans le mur. "
Eric Woerth a le
mérite de la conviction. La politique de l'ancien gouvernement est la seule qui
vaille.
Pour l'ancienne majorité, les prévisions de la commission
européenne révèle l'échec de la politique menée depuis la victoire de François
Hollande.
Mais ces bons conseils ne sont pas du goût de l'actuel
ministre de l'économie. Pour Pierre Moscovici l'ancienne majorité devrait se
montrer plus modeste.
" le gouvernement
Ayrault auquel nous avions la fierté d'appartenir est accusé de tous les mots
par ses adversaires. Il est accusé d'incompétence, d'insécurité de laxisme, de
ne pas savoir où il va. Il ya beaucoup d'impudeur de la part de ceux qui ont
laissé le pays dans l'état où il se trouve aujourd'hui, à l'endroit de ceux qui
ont maintenant la responsabilité de le redresser et qui font des choix courageux, des choix justes
qui ont été trop longtemps différés. En vérité nous avons un cap, nous le
tenons, il commence à porter ses fruits. C'est cette politique-là qu'il faut
poursuivre et approfondir et nous le ferons. "
Une détermination et une fermeté indispensables.
D'ici le printemps, en présentant un programme de stabilité
et de réforme, la France doit avant tout convaincre Bruxelles qu'il sera
raisonnable de lui accorder un délai pour revenir dans les clous des 3%.
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