De la rue au réferendum, quelle réponse à l'affaire Cahuzac ?
C'est pourtant ce qu'en retient François Hollande. "C'est un homme
qui a failli " répète le président de la République, pour exclure tout
remaniement ministériel. Il est vrai que le séisme soulevé par cette affaire ne sera pas résolu
par la refonte du gouvernement. Ce n'est pas en changeant son équipe que François
Hollande viendra à bout de cette défiance latente entre les français et leurs
élites politiques. En France, l'idée est largement répandue que le pouvoir corrompt autant
que l'argent. François Mitterrand lui-même avait accusé cette défiance à l'égard de l'argent, notamment lors du
congrès fondateur du parti socialiste en 1971. Aujourd'hui, l'affaire Cahuzac relance ce soupçon ancien. Même si elle est le fait d'un homme, elle soulève la colère vis-à-vis de
tout un système, ou ce qui est perçu comme tel.
D'où ces appels à des
manifestations, des pétitions, ou de nouvelles élections...
Le chef de l'Etat ne peut ignorer cette colère, cet écœurement général. L'enjeu pour lui est de le traduire politiquement. François Hollande et Jean-Marc Ayrault renvoient à leurs pratiques :
ni officines, ni écoutes illégales, ni polices parallèle, mais "la
justice" qui travaille en "toute indépendance et à son rythme". Ils renvoient également à des lois futures, déjà annoncées, pour
moraliser la vie politique. Mais leurs opposants ont beau jeu de réclamer plus. Ces lois s'inscrivent dans une forme de routine parlementaire qui ne
donne pas le sentiment de marquer un avant, et un après affaire Cahuzac.
Car l'opposition veut marquer très
symboliquement cette affaire.
Chacun cherche le moyen d'expression qui lui convient le mieux. Jean-Luc Mélenchon mobilise la colère, comme du temps de ses discours
publics qui ont rassemblé des foules entières dans la rue, à la Bastille ou Toulouse
pendant la campagne présidentielle .
Marine Le Pen avance son profil respectueux des institutions supposé
rompre avec l'image diabolisée de son père. Elle réclame une dissolution, un
vote, qu'elle n'obtiendra pas, mais qui lui permet de se dire victime du
système.
François Bayrou recherche une démarche citoyenne et collective qui
conforte sa posture d'homme libre, sans pour autant fermer toutes les portes à François
Hollande. Le président du MoDem propose une sortie de crise : une loi de
moralisation de la vie publique, ratifiée par la voie parlementaire ou
référendum. En réalité, l'idée n'est pas très éloignée des projets de loi Hollande, sauf
qu'elle va plus loin, sur le nombre de parlementaires, et le non cumul des
mandats. Elle suppose une prise de risque de la part de l'exécutif, qui ose
brusquer les siens (réfractaires à l'application du non cumul). De fait, elle instaurerait une 6ème République. Terme qui
mobilise également Jean-Luc Mélenchon. L'affaire Cahuzac oblige-t-elle à ce grand chambardement ?
La réponse appartient à François Hollande, en tant que président de la
République.
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