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Cahuzac ou la redistribution des cartes

L'aveu de Jérôme Cahuzac a provoqué une crise politique d'envergure. Toutes les formations politiques en sont convaincues, il y aura un avant et un après Cahuzac, l'occasion de redistribuer les forces sur l'échiquier politique français.
Article rédigé par franceinfo
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Franceinfo (Franceinfo)

La crise économique était déjà forte, s'y ajoute maintenant
une crise morale et politique... autant dire que le spectre d'une véritable crise
de régime plane désormais en France. Une menace qui divise le personnel politique en deux
camps: les partis qui exercent le pouvoir, et les partis qui se tiennent
à sa lisière. Dans les partis de pouvoir, il y a le PS, et l'UMP. Le socialiste François Hollande l'a emporté face à Nicolas
Sarkozy parce qu'il prétendait rompre avec les mauvaises habitudes du
sarkozysme. Des pratiques que la gauche dénonçait sur le plan moral. Aujourd'hui, l'UMP se réjouit :

C'en est fini des
leçons de morales socialistes !

Le parti de Nicolas Sarkozy espère ainsi renverser la
charge. Les plus touchés par le discrédit sont ceux qui sont actuellement aux
affaires, et pas leurs prédécesseurs.  Le pouvoir socialiste répond donc sur le plan de la morale,
en tentant de mettre l'UMP au pied du mur. Les plus vertueux seront ceux qui voteront la réforme de la
justice, et les autres dispositions déjà prévues par François Hollande pour
moraliser la vie politique. Avec une nouvelle disposition : l'interdiction
d'exercer un mandat pour tout élu condamné pour fraude fiscale ou corruption.

Mais ces mesures ne paraissent pas suffisantes au reste
de l'opposition.

"Des rustines", regrette François Bayrou. Le président du MoDem lance un appel aux français, pour une
modernisation plus ambitieuse de la vie politique. L'ancien ministre évoque
même l'idée d'un référendum. Evincé de l'Assemblée, lors des dernières législatives, après
avoir longtemps renvoyé dos à dos le PS et l'UMP, François Bayrou se dit que
son heure est venue. Mais il n'est pas le seul sur ce créneau des anti-partis de
gouvernement. Marine Le Pen se veut la championne de ce créneau, que le
Front de gauche entend lui disputer. Les amis de Jean-Luc Mélenchon renforcent la pression sur le
gouvernement pour qu'il mette en œuvre une politique qui attaque

"l'argent
qui corrompt",

 

selon l'expression consacrée. La présidente du Front National réclame une dissolution, qui
renforcerait sa position à l'Assemblée. 

Mais l'UMP ne va pas aussi loin. Elle ne réclame ni une
dissolution ni la démission du Premier ministre.

L'offensive de l'UMP est progressive. Elle vise désormais le
ministre de l'économie, Pierre Moscovici, qui se défend d'avoir voulu blanchir
ou épargner Jérôme Cahuzac. Cette relative prudence de l'UMP s'explique par cette confidence
de Jean-Pierre Raffarin, lors de l'émission "questions d'info" sur la
chaîne parlementaire, avec le monde, l'AFP, et France Info. L'ancien Premier
ministre l'admet : " l'UMP n'est pas prête à gouverner ". Après
la défaite de Nicolas Sarkozy, et la guerre Copé Fillon, l'UMP est encore
" convalescente ".

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