Budget européen, la France au pied de la lettre
François Hollande est souvent décrit comme trop louvoyant avec ses partenaires européens. Il parait parfois prêt à aller jusqu’au bout d’une confrontation conflictuelle, et se satisfait ensuite assez vite d’un compromis limité. Mais avec un déficit chiffré à 4.3% en 2015, le président s’expose aux foudres de la commission, et de son Parlement à Paris.
Les gronderies de Bruxelles
Le commissaire chargé des questions économiques a donc écrit à la France, pour lui demander comment et pourquoi elle envisage en 2015 de se tenir assez loin de l’objectif des 3%. François Hollande rétorque qu’il n’ira pas plus loin que les 21 milliards d’économies votés au Parlement. Pour le reste, selon lui, il s’agit d’une question complexe de calculs et interprétations des critères européens.
La calculette flexible de François Hollande
Convaincus que ses propres calculs restent dans les clous, François Hollande n’entend pas les modifier. "Nous respectons le traité, avec un maximum de flexibilité, tout en préservant la croissance et l’emploi " a estimé François Hollande cet après-midi. En précisant qu’après avoir envoyé sa lettre ce week-end, il n’espère pas en recevoir une autre. "Nous avons fait ce que nous avons à faire " a-t-il conclu. Façon de dire à la commission que de son point de vue le débat est clos.
Une lettre peu appréciée en France
Plusieurs députés socialistes avaient réclamé la publication de cette lettre aujourd'hui, en estimant que Bruxelles mettait en cause la souveraineté de la France, par ses remontrances. Inquiétude partagée par l’UMP Pierre Lellouche, ancien ministre des affaires européennes. Une inquiétude dont peut se prévaloir François Hollande pour camper sur ses positions, face à d’éventuelles réprimandes européennes.
Même s’il est montré du doigt comme un mauvais élève à Bruxelles, François Hollande sait aussi qu’en France, une partie de l’opinion peut apprécier le fait qu’il tienne tête face aux gronderies de la commission. Car François Hollande est sur deux fronts à la fois, les réprimandes européennes, et la contestation de sa politique en France.
Bruxelles vs les frondeurs
François Hollande s’adresse aux frondeurs, quand il assure que la France n’ira pas plus loin car il veut préserver la croissance et l’emploi. Il s’adresse aussi à l’opposition en France, quand il souligne qu’il "a hérité " de la procédure du déficit excessif, en tournant le regard vers l’ancienne majorité de droite.
Il s’adresse aussi à ses partenaires européens, pas toujours très solidaires de ses demandes en faveur d’une relance de la croissance européenne. Tout le monde doit respecter les traités, dit-il ainsi à l’adresse du Britannique David Cameron ou de l’Italien Matteo Renzi, furieux de devoir mettre la main à la poche pour rallonger le budget européen, alors que la France elle touchera une rallonge. "A Bruxelles, je fais de la synthèse économique " s’amuse François Hollande.
Il ne commente pas la vie politique française, mais il n’ignore pas ceux qui imaginent que la synthèse telle qu’il l’a pratiquée au PS n’est plus d’actualité. "Le président de la République a toujours les cartes institutionnelles en main " décodait par avance le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadelis.
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