Alain Juppé s'embrouille et se débrouille pour brouiller le jeu à droite
Ce qui frappe chez Alain Juppé aujourd'hui, c'est sa
décontraction.
L'ancien Premier ministre droit dans ses bottes a fait place
à un responsable politique souriant, passionné par la politique, mais moins
tendu par l'enjeu.
Il est vrai que ce sont les socialistes qui expérimentent la
rudesse du pouvoir, et Alain Juppé n'est pas tendre avec eux...
"Quand vous
voyez la situation économique dans laquelle nous sommes, c'est un échec
retentissant de la stratégie, en tout cas de la politique qui a été engagée il
y a 8 mois, on voit bien que le gouvernement aujourd'hui est en plein désarroi
face à cette situation. Monsieur Fabius nous dit qu'il va falloir revoir les
objectifs, Monsieur Moscovici commence à dire que non, et si j'ai bien compris,
il dit que oui. Donc on voit bien que ça patauge complètement. "
Alain Juppé lui, sait ce qu'il faut faire, et surtout ne pas
faire...
"Ou bien on essaie d'empêcher les
entreprises de s'adapter à la réalité du marché, et on précipite leur
difficulté, ou bien alors on les accompagne dans cette adaptation nécessaire. quand Monsieur Montebourg pour ne pas le citer a déclaré de façon martiale que le
plan social de PSA il n'en était pas question, je crois que c'était une
attitude irresponsable. menacer de nationalisation aussi, c'est un fantastique
contre-signal, ce n'est pas ça qui va attirer les investisseurs sur l'industrie
française ou en France. Multiplions les contraintes sur les entreprises, et on
verra le résultat. Il faut les laisser vivre. "
Laisser vivre les entreprises, et mener les réformes, même
si elles sont douloureuses.
"Passer par une
purge, alors évidemment c'est plus facile à dire quand on est dans l'opposition
qu'au gouvernement, je vous l'accorde volontiers. Mais c'est au gouvernement de
prendre ses responsabilités, c'est difficile à l'approche d'une échéance
électorale importante, c'est peut-être ça qui... Et encore faudrait-il aussi
définir une ligne politique du gouvernement, parce que c'est en permanence la
cacophonie. "
Même la politique internationale de François Hollande ne
trouve pas grâce aux yeux d'Alain Juppé.
"Je ne sens pas
la même capacité d'initiative au niveau de la présidence de la République que
celle qui existait avant. cette obsession qui était la nôtre, toujours
rechercher des compromis franco-allemands avant d'aller dans la négociation à
27, cette obsession a disparu. "
Bref, ce gouvernement n'est pas à la hauteur, verdict signé Alain
Juppé.
Autant d'éléments qui
peuvent réhabiliter le bilan de Nicolas Sarkozy, et encourager son retour, d'après
Alain Juppé ?
Le maire de Bordeaux ne fait pas partie de ceux qui excluent
un comeback de l'ancien patron de l'UMP, il croit même en déceler l'envie chez
l'ancien président de la République.
" Il suit l'actualité politique avec beaucoup
d'attention, on se téléphone de temps en temps et je vois qu'il est très
vigilant. C'est à lui maintenant de faire ses choix.
Il en a
envie ?
Je crois sentir ça. Mais,
enfin. Bon" Sentir l'envie... la phrase met Alain Juppé au centre des
commentaires, Et d'ailleurs, l'ancien Premier ministre n'exclut rien pour lui-même...
" 2014,
candidat à Bordeaux"
Et 2017 ?
Maire de Bordeaux
j'espère.
Et exclu de faire
autre chose ?
Vous voulez bien
m'inviter en 2015. Je ne veux pas
brouiller les cartes, j'aime ma ville, je suis ravi d'être maire. Dans ce
boulot de maire, on a à la fois le long terme et le quotidien, c'est un des rares
exemples où on peut concilier les deux, donc ça suffit amplement à mon bonheur. "
On a compris qu'Alain Juppé voulait d'abord franchir l'obstacle
des municipales avant de passer, éventuellement, à la suite...
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