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Les Français et leurs voitures

On a beaucoup mis la pollution sur le dos de la voiture ces derniers jours. Pourtant jamais les Français n'ont dépensé autant pour acheter et entretenir leur automobile.
Article rédigé par Denis Astagneau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
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On aurait pu croire que la crise et la campagne d'autophobie
menée depuis quelques années en France allait décourager les automobilistes, en
les encourageant à économiser sur les dépenses pour leur voiture. Et bien pas
du tout si l'on en croit deux études conjointes du journal L'Argus
et de L'Automobile Club Association .

Certes, ils achètent moins de
voitures neuves
et davantage de modèles d'occasion. Certes, ils gardent leur
voiture plus longtemps, plus de huit ans en moyenne. Mais quand ils achètent du
neuf, ils cassent la tirelire. 23.407 €, c'est le prix de la voiture moyenne
des Français, une 1,6 litre, diesel au 2/3, 108 chevaux, un peu moins puissante
que l'année dernière. Elle est aussi plus légère et elle consomme donc
moins : 4,7 l/ 100 km avec un bonus/ malus neutre de 117 g de CO2. Il y a trois ans, le prix moyen était encore sous la barre
des 20.000 €.

Qu'est ce qui a changé ? Les Français ont-ils pris gout
au luxe, au premium allemand ? Pas vraiment. Quand on regarde le marché
des grandes routières, des 4X4 de luxe, des coupés ou des grands monospaces,
c'est la catastrophe. Leurs ventes s'effondrent de 30% en moyenne. Cela
signifie que les Français n'ont pas changé de catégorie automobile, ils payent
simplement plus cher leur voiture moyenne. La valse des étiquettes a atteint
13% d'inflation chez les breaks et les grandes routières, 11% chez les
familiales, plus 8% pour les monospaces compacts.

En fait, analyse Xavier Chimits l'auteur de l'enquête de L'Argus ,
les Français ne privilégient plus la taille et la puissance de leur véhicule,
ils préfèrent désormais monter sur l'échelle des finitions pour enrichir
l'équipement et la personnalisation de leur voiture.

Une catégorie est devenue l'emblème de cette mutation : les petits tout chemins.

Tous les segments sont en baisse sauf eux. Pourtant,
remarque Chimits, à taille égale, une berline moyenne rend les mêmes services
et coûte 4.700 € de moins. Cela prouve qu'en 2013, l'achat futile l'a
emporté sur l'achat utile. C'est le reflet d'un pays coupé en deux : d'un côté,
ceux qui achètent des voitures de plus en plus chères, de l'autre ceux qui
n'ont plus les moyens d'acquérir un véhicule neuf. C'est pourquoi cinq millions de véhicules d'occasion se
vendent chaque année en France.

L'autre phénomène, c'est que la voiture est toujours le deuxième
ou troisième budget des ménages.

Un modèle moyen, son amortissement, son
entretien et sa consommation, nous dit L'Automobile Club Association ,
coûte chaque année 6.000 € en essence et près de 8.000 € en diesel. Dont 1.500
€ de carburant, 460€ de garage et 620 € d'assurance. Tous ces postes sont en
augmentation de 3 à 4%, soit deux fois plus que l'inflation.

Mais tout cela
profite aux caisses de l'Etat, puisqu'il prélève 25% de taxes diverses, pour un
total 63 milliards d'euros. C'est un montant supérieur aux recettes de l'impôt
sur le revenu. 

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