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La Bretagne restera-t-elle à gauche ?

Depuis 30 ans, la Bretagne, comme les Pays de la Loire, votent massivement à gauche. Les municipales de 2014 mettront-elles un terme à cette tendance ?
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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C'est l'une
des données fondamentales de la géographie politique française : le Grand Ouest, longtemps conservateur, est
devenu depuis 30 ans un bastion de la gauche.
Un phénomène qui explique
aussi bien la victoire de François Mitterrand en 1981 que la défaite de Nicolas
Sarkozy en 2012. Les municipales vont-elles mettre un terme à ce
phénomène ? C'est possible, mais peu probable, comme on le comprend à la
lecture d'un livre remarquable écrit par Thierry Guidet, la rose et le granit
(1).

Bien sûr, en
première analyse, les socialistes ont du souci à se faire
. Ils devraient
souffrir de l'impopularité du gouvernement, comme par le mouvement récent des
" bonnets rouges ". Pourtant,
il y a peu de chance que l'on assiste à un retournement durable en faveur de la
droite
comme celui auquel on avait assisté en 1977 en faveur du PS.

Cette année-là, Rennes, Nantes, Brest, Angers,
Saint-Malo, Cherbourg, La Roche-sur-Yon et Alençon tombent dans l'escarcelle
socialiste. Mais cela s'explique par des raisons de fond

: le déclin de la pratique religieuse, l'exode rural, l'urbanisation massive
d'une région restée plus longtemps rurale... Honnêtement, on ne sent pas une
telle conjonction aujourd'hui en faveur de la droite. Même les manifestations
contre le mariage et l'adoption par les homosexuels n'ont pas vraiment fait
recette dans l'Ouest. C'est dire.

De plus, les
maires en place gèrent plutôt habilement leur succession
. Alors
qu'ailleurs, certains gérontes s'accrochent au pouvoir, rien de tel ici. A
Nantes et à Rennes, ce sont des trentenaires que le PS a investis.

Même les tensions avec les
écologistes paraissent sous contrôle
. Bien sûr, il y a Notre-Dame-des-Landes, mais ce
phénomène ne doit pas être exagéré. Le dossier est en effet sur la table depuis
40 ans et n'a jamais empêché la mise en place de politiques ambitieuses en
matière de développement durable (Nantes s'est même vu décerner le titre
prestigieux de capitale verte de l'Union européenne en 2013). De plus, aucun
des deux partis n'a intérêt à rompre cette entente, qui a donc toutes les
chances de perdurer.

Non. La vraie
menace pour le PS est ailleurs : dans une forme de désenchantement de
l'opinion qui ne profiterait pas à l'UMP mais à l'abstention et au Front
national
. Pour l'instant, Marine Le Pen a du mal à percer dans le Grand
Ouest. La Bretagne et les Pays de la Loire sont en effet marqués par une
tradition démocrate-chrétienne hostile aux idées du Front national, des
inégalités très faibles, une assez grande confiance en l'avenir et un réseau de
villes très efficace. Pour l'instant, en tout cas.

On l'a compris : se demander si l'Ouest va rester
à gauche, ce n'est pas se livrer à de petits calculs électoraux, mais
s'interroger sur la persistance d'un modèle breton original, mélange de
dynamisme économique, de cohésion sociale et de fierté régionale. Un modèle
qui, depuis 50 ans, a fait ses preuves, mais qui est aujourd'hui bousculé.
Réponse les 23 et 30 mars.

(1)   La rose et le
grandit. Thierry Guidet. Le socialisme dans les villes de l'Ouest Editions de
l'aube. 242 p, 18 €

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