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Fusionner les régions, oui mais...

Manuel Valls a annoncé mardi son intention de supprimer les départements et de diviser le nombre de régions par deux. Un sujet sur lequel circulent beaucoup d'idées reçues.
Article rédigé par franceinfo
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Première idée reçue : Les régions françaises seraient trop petites. Le
problème est que c'est faux
.

Elles sont beaucoup grandes que les régions italiennes, par exemple, et
même plus vastes que les fameux Lander allemands.

En
réalité,  elles ne sont pas assez puissantes.

C'est très
différent. En moyenne, leur budget s'élève à 400 € par habitant et par an,
contre 2000 à 3000 € pour les autres régions européennes. Ce n'est donc pas la
taille qui leur fait défaut, mais les moyens. Le budget de la région
Midi-Pyrénées, par exemple, est huit fois inférieur à celui du Land de
Hambourg, qui est pourtant 60 fois plus petit par la taille.

Entendons-nous
bien : il ne serait pas absurde de réunir les deux Normandie, ou de
rapprocher la Bourgogne de la Franche-Comté, mais si l'on s'en tient là, on
n'aura pas changé grand-chose. Car quand on fusionne deux petites régions
faibles, on obtient une grande région faible, pas une région forte. ****

Si l'on
veut des régions fortes, il  faut donc
impérativement leur confier de nouvelles compétences,
comme les universités
ou le développement économique.

Justement,
me direz-vous : Manuel Valls a aussi proposé que l'on supprime les
départements, et l'on pourrait imaginer que les régions récupèrent certaines
des compétences exercées auparavant par les conseils généraux. Sur le papier,
c'est possible. On reste cependant sceptique devant le calendrier annoncé par
le nouveau Premier ministre. La nouvelle carte des régions est promise pour
2017, mais la suppression des départements pour... 2021, soit bien après la fin
de ce quinquennat. Comment, dès lors, être sûr que la réforme aura bien
lieu ? Supposons
néanmoins qu'elle se fasse.

La deuxième idée reçue est qu'elle entraînerait
d'énormes économies. Là encore, méfions-nous.

La suppression des
départements et de certaines régions permettrait certes de diminuer les
indemnités des élus et les dépenses de communication. Ce ne serait pas un
drame, mais au final, cela ne pèserait pas bien lourd. Car il faudra
toujours faire circuler les trains régionaux, construire des lycées, entretenir
les routes ou aider les personnes âgées. Or, c'est tout cela qui coûte très
cher.
Sans compter qu'il faudra harmoniser les statuts des personnels. Or,
évidemment, l'harmonisation se fait toujours par le haut. Si bien qu'en cas de
fusion de collectivités, les frais de personnels commencent par augmenter.

*Il y a néanmoins une annonce très positive
dans le discours de Manuel Valls. La suppression de la clause de compétence
générale* **
laquelle, en clair, permet aujourd'hui à
n'importe quel élu de faire à peu près tout. Or, quand trois ou quatre
collectivités s'occupent d'un dossier, cela suppose que chacune se dote d'un
service spécialisé, étudie longuement chaque projet, puis que l'on organise des
réunions de concertation, puis que l'on se répartisse les financements.  Cela se chiffre en milliers d'heures de
travail et finit, en effet, par coûter cher. C'est pourquoi cette mesure, si
elle est moins spectaculaire, est peut-être la plus fondamentale.

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