Ces villes qui ne connaissent pas le chômage
Le chômage a encore augmenté en
France au mois de septembre pour toucher 3.057.000 personnes. En moyenne, le
taux de chômage atteint 9,7 % de la population active de la France métropolitaine. Mais
cette moyenne cache d'énormes différences. Dans certains territoires, il tourne
autour de 5% seulement. A Vitré, en Bretagne. A Wissembourg, en Alsace. A
Rodez, dans l'Aveyron. Selon l'Insee, qui a découpé la France métropolitaine en
304 zones d'emploi, le champion des champions se trouve à Houdan, dans les
Yvelines, avec un taux de seulement 4.7% (1). Un chiffre qui a de quoi faire
rêver n'importe quel gouvernement.
Alors, comment font-ils ? Comment ces territoires
parviennent-ils à disposer d'un taux de chômage aussi faible, malgré la
crise ? Et bien, il faut faire attention, car il existe deux catégories de
champions très différentes : les vrais et les faux.
Les vrais champions, ce sont les
territoires où le taux de chômage est faible parce que les créations d'emplois
y sont très élevées. C'est le cas par exemple des Herbiers, en Vendée, un
département étonnant où, dans chaque village ou presque, on trouve une usine
créée par un enfant du pays. C'est aux Herbiers, notamment, que se trouvent les
chantiers Jeanneau/Bénéteau, le premier site mondial de construction de bateaux
de plaisance. Ou encore le célèbre parc du Puy-du-Fou.
Cela, ce sont les vrais
champions. Mais il y a les faux, les lieux où le chômage est faible pour de "mauvaises
raisons". A Tulle, par exemple, l'ancienne ville de François Hollande, la
statistique est certes flatteuse (avec un taux de 5.8%), mais cette ville
touchée par la crise industrielle figure parmi les dernières pour la création
d'emplois. Un paradoxe qui s'explique. En fait, à Tulle, la situation est si
difficile que les gens partent tenter leur chance ailleurs et ne s'inscrivent
pas à Pôle Emploi dans leur ville d'origine. Les jeunes, notamment, suivent leurs études supérieures à Limoges, à
Clermont-Ferrand, à Toulouse ou à Paris et reviennent rarement. Ce qui prive
la préfecture de la Corrèze
d'une main d'œuvre qualifiée, mais qui a l'avantage de dégonfler les
statistiques locales du chômage. Cette situation se recontre dans d'autres
territoires ruraux, comme la
Lozère.
On trouve aussi le phénomène
inverse. Parmi les territoires où le taux de chômage est très élevé, il y a
bien sûr des villes où les créations d'emplois sont faibles, comme Calais, où
il frôle les 17%, ou Saint-Dié, dans les Vosges.
Mais on trouve aussi parmi les
cancres du chôamge des villes... championnes des créations d'emplois, comme
Montpellier ! La métropole languedocienne est si attractive que,
lorsqu'elle crée un emploi, celui-ci est souvent occupé par quelqu'un venant de
loin, qui en profite pour s'installer dans la région. Le problème est que cette
personne arrive souvent avec son conjoint qui, lui, s'inscrit au chômage.
Résultat : un emploi a bien été créé, mais, statistiquement, on se
retrouve avec un chômeur de plus! On
appelle cela le "chômage d'attraction" ou encore le "paradoxe
montpelliérain".
Conclusion ? Le taux de chômage est certes un
indicateur intéressant, mais il doit impérativement d'être examiné avec
prudence si l'on veut éviter les erreurs d'analyse.
(1) http://www.insee.fr/fr/themes/detail.asp?reg_id=99&ref_id=chomage-zone-2010
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