C'est beau, une ville, la nuit
Pendant des millénaires, les
choses ont été simples. A la tombée du jour, les hommes cessaient leurs
activités. La nuit était le temps des ténèbres, du couvre-feu, au Moyen-Age de
la fermeture des portes des cités.
Rien de tel aujourd'hui, où la
France est entrée dans l'ère du temps continu. Certaines entreprises
fonctionnent en 3x8 et l'on voit des soldes commencer à minuit. Une véritable
économie de la nuit s'est mise en place , avec ses bars, ses casinos et ses
discothèques. Au total, 4 personnes sur 10 sortent au moins une fois par
semaine et 1 homme sur 5 environ travaille habituellement ou occasionnellement
la nuit.
La société industrielle et le
capitalisme sont évidemment passés par là, qui ont cherché à imposer leur
rythme aux salariés. Le progrès des techniques d'éclairage aussi, qui ont
permis de faire reculer les ténèbres.
Pourtant, la France reste en
retrait par rapport à d'autres pays . A Paris, le métro s'arrête vers 1 heure du
matin alors qu'il fonctionne toute la nuit à New York. Et la métropole
américaine n'est pas une exception. Dans le reste des Etats-Unis, mais aussi au
Japon ou en Chine, des supermarchés, des salons de coiffure, des restaurants ou
des salles de sport sont ouverts 24 heures sur 24.
La France doit-elle considérer
ces exemples comme des modèles à suivre ? Certains le pensent, au moins
pour certains quartiers. Un géographe comme Luc Gwiadzdzinski, l'un de ceux
qui ont le plus réfléchi à la question, préconise même d'ouvrir des crèches
le soir, pour permettre à des femmes qui élèvent seules leurs enfants de
trouver plus facilement du travail.
D'autres, au contraire, mettent en avant
les problèmes que poserait une telle évolution, qu'ils soient d'ordre
physiologique, après tout, l'homme est programmé pour dormir la nuit ; culturel, la France n'est pas l'Espagne où la nuit est, si l'on ose dire, un
temps fort de la journée ; social, les syndicats ne voient pas d'un bon
œil le travail en horaires décalés, ou politique : les nuisances sonores
constituent une gêne pour les riverains et les maires doivent souvent arbitrer
entre la France qui dort et celle qui s'amuse.
En tout cas, l'aménagement des
villes la nuit est un sujet peu traité. Certains maires ont toutefois commencé
à réfléchir à la question, en créant notamment des "bureaux des
temps" et en proposant des aménagements novateurs.
A Belfort, par
exemple, où les bus s'arrêtaient à 20 heures, un service de transports à la
demande a été mis en place pour éviter que les jeunes ne rentrent de
discothèque en voiture en risquant de se tuer au volant. 2013 devrait
marquer une nouvelle étape dans ce processus.
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