Xbox One : la course au multimédia

Avec Joël Métreau du quotidien 20 Minutes

Son nom : la "Xbox One". "Xbox
One" pour "All in One". Traduction : tout en un : jeu vidéo mais surtout
chaînes de télé, cinéma, série, musique, rencontres sportives. Un seul objectif
pendant cette présentation : imposer cette nouvelle console comme le centre de
divertissement de toute la famille.

Une boîte noire plutôt massive, puissante comme un PC actuel, un lecteur
Blu-ray, une nouvelle manette et une évolution du Kinect, le système de
reconnaissance de mouvement et de voix de la console.

Voilà la Xbox One. Pas de prix ou de date de sortie pour l'instant, mais ce
sera cette année, c'est sûr. Et peu de jeux dévoilés. Du nouveau Call of Duty
Ghosts, à Fifa 14 en passant par Forza 5... L'important était ailleurs.

Cette conférence s'adressait d'abord au marché américain, où Microsoft est
leader avec sa console Xbox 360 devant la PS3 de Sony. Une grande partie de la
conférence a été consacrée au partenariat avec la National Football League,
association d'équipes professionnelles de football américain. Un sport dont la
notoriété est bien faible en Europe.

Cette conférence s'adressait aussi au grand public, bien au-delà des
joueurs, qui ont largement permis à la Xbox 360 de se vendre à 77 millions dans
le monde depuis 2005. On a eu une démonstration de chat vidéo par Skype, acquis
par Microsoft en 2011. Il y a été aussi beaucoup question d'une expérience de
télévision connectée à Internet. Et en termes de contenu, on y a vu Steven
Spielberg annoncer qu'il allait produire une série télévisée... néanmoins fondée
sur "Halo", une franchise de jeux de science-fiction à succès.

Sony n'avait pas montré sa console lors de la conférence d'annonce pour sa
nouvelle console, la PS4. Mais des jeux. Microsoft a pris le parti inverse.
Montrer sa console, peu de jeux, quitte à décevoir les joueurs. Actuellement,
70 jeux sont en développement pour la Xbox One. De son côté Microsoft promet 15
jeux exclusifs dans la première année. Dont huit nouvelles licences.

Parlons maintenant des choses qui fâchent car tout n'a pas été dit lors de
cette conférence, ce qui a donné lieu à une polémique sur les réseaux sociaux
le soir-même. D'abord : la Xbox One a besoin d'une connexion internet minimale
pour fonctionner normalement. Ensuite, chaque jeu sera lié à sa machine, prêter
son jeu à un copain sera donc alors quasiment impossible. Le marché de
l'occasion est également menacé.

Trois jours après la conférence, Microsoft laisse planer beaucoup
d'incertitudes. La nécessité d'être connecté à Internet en permanence demeure
toujours très imprécise. Apparemment, le possesseur de la console devra se
connecter au moins une fois par jour. Imprécise aussi l'obligation d'avoir
branché Kinect en permanence pour que la console fonctionne. Car avoir une
caméra et un micro, dans son salon, relié à Internet, n'est pas sans poser des
interrogations sur la vie privée.

Concernant  le marché de l'occasion, celui-ci est menacé en effet. Un
jeu acheté devra être lié à un compte personnel que l'on va créer ou que l'on a
déjà créé sur la Xbox 360. Mais que se passe-t-il dans une famille qui possède
plusieurs comptes ? Est-ce qu'elle devra acheter au prix neuf plusieurs fois le
même jeu ? Beaucoup de questions sans réponses...

Pour sûr, si on pourra transférer des films ou de la musique achetée de son
ancienne console Xbox 360 vers la nouvelle Xbox One, pour les jeux, ce sera
impossible.

Pire encore, cette Xbox One ne sera pas rétrocompatible avec les jeux de la
Xbox 360 ni du XBLA, le supermarché en ligne de la console. Tous les jeux
achetés pourtant en dématérialisé avec la génération actuelle ne seront pas
jouable avec cette Xbox One. Pour faire une analogie, imaginons que vous ayez
téléchargé des films sur une box Orange ou Free sauf qu'une nouvelle mouture
sort et là on vous dit : désolé monsieur, vos films ne sont pas compatibles, il
faut tout racheter.

Les jeux coûtent relativement chers. Alors ce n'est pas du tout une bonne
nouvelle pour le joueur et consommateur. Cela dit, chez la Playstation 4 de
Sony, on ne verra pas non plus la rétrocompatibilité. Finalement, aujourd'hui, ce
sont les joueurs PC les mieux lotis. Puisque lorsqu'ils achètent un jeu
dématérialisé sur la plateforme Steam, ils peuvent le télécharger plusieurs
fois, sur leur ancienne, puis sur leur nouvelle machine.

Et cette bataille Sony versus Microsoft va continuer. Prochain rendez-vous à
l'E3, le festival de Cannes du jeu vidéo qui se tiendra à Los Angeles début
juin. Et là, on va parler jeux, rien que de jeux.

Du côté de Nintendo, c'est mi figue mi raisin. D'un côté une console portable
3DS en pleine forme, de l'autre une nouvelle console de salon, la WiiU qui
prend le bouillon. La Wii U avait suscité de l'enthousiasme à sa sortie, grâce
à nouvelle manette, qui intègre un écran. Puis le soufflet est retombé, en
raison d'un manque de jeux forts et d'une attente à l'égard des prochaines
consoles nouvelle génération de Sony et de Microsoft. Aujourd'hui, la Wii U,
dont les joueurs restent le cœur de cible, peut encore être sauvée. Les prix des
PS4 et Xbox One demeurent inconnus. En période de crise, les joueurs pourraient
se tourner vers le moins cher (Wii U, environ 350€). Mais il faudra que
Nintendo fasse un effort, vers le grand public, pour expliquer la singularité
de sa machine et étoffe grandement sa ludothèque.

A noter la sortie cette semaine d'un jeu 3DS vraiment sympa : "Donkey
Kong Country Returns 3D", jeu d'aventure beau et difficile à la fois. Un
remake de la version Wii très réussi, un peu plus facile, mais attention, pas
simple loin de là. En tout cas, "Donkey Kong Country Returns 3D" est
un très bon jeu et en version portable, c'est l'écrin parfait.