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JO de Sotchi : "Le journalisme en Russie est un sport de combat"

C'est l'événement sportif et médiatique de ce début d'année. 2800 journalistes du monde entier sont accrédités pour couvrir les Jeux Olympiques d'hiver de Sotchi, dans un pays où la liberté de la presse ne cesse de se dégrader, d'après Reporters sans Frontières.
Article rédigé par Céline Asselot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Franceinfo (Franceinfo)

Dans quelles conditions vont travailler les journalistes à
Sotchi ? Plus généralement, les journalistes russes et étrangers peuvent-ils
exercer leur métier librement en Russie ? Comme lors des Jeux d'été à Pékin,
en 2008, la question se pose alors que viennent de débuter ces JO, événement
sportif mais aussi politique et médiatique, qui sont sans doute encore plus suivis
que les précédents Jeux d'hiver.

La Russie est 148e sur 179 dans le classement
mondial de la liberté de la presse de l'association Reporters sans Frontières
(RSF) qui a réalisé une étude intitulée " le journalisme indépendant en
Russie est un sport de combat
" . " On aimerait beaucoup que le
journalisme indépendant soit un sport autorisé aux Jeux olympiques de Sotchi. Malheureusement
c'est un sport réprimé, notamment dans cette partie du pays,
regrette
Christophe Deloire, secrétaire général de RSF. Même s'il y a à Sotchi des
médias publics, des médias privés, une blogosphère active, il y a une
autocensure et un pluralisme extrêmement limité.
"    Il cite notamment le
cas de Nikolaï Larst, un journaliste assigné à résidence à Sotchi pour avoir
enquêté sur la corruption. 

La liberté de la presse se détériore en Russie 

Un constat qui rappelle, d'après le secrétaire général de
RSF, que " dans l'ensemble de la Russie, les journalistes qui s'intéressent
à la corruption sont menacés
" .
Christophe Deloire évoque encore le cas de deux journalistes emprisonnés depuis
plusieurs mois à Rostov-sur-le-Don, dans le sud du pays, parce qu'ils enquêtaient
sur la corruption.

"Dans l'ensemble de la Russie, les journalistes qui s'intéressent à la corruption sont menacés" (RSF)

Ces derniers mois, la contestation incarnée par le groupe contestataire Pussy
Riot ou l'oligarque Mikhaïl Khodorkovski a contribué à ouvrir des espaces de
liberté. Mais "en face, le pouvoir se durcit " , affirme le
secrétaire général de RSF. Le Kremlin  " est en train de mettre en place un
étau judiciaire très inquiétant
"  avec notamment "la repénalisation de
la diffamation, la pénalisation de l'offense au sentiment religieux, de l'expression
d'opinions séparatistes...
"

" C'est quelque chose qui est moins évoqué que la
surveillance dont font l'objet les journalistes qui couvrent les JO de Sotchi,
mais qui du point de vue des libertés publiques en Russie est dangereux
" ,
conclut Christophe Deloire.

Quel programme revoir en replay cette semaine ?  Le documentaire "Français
d'origine contrôlée
" diffusé sur France 2, qui donne la parole aux enfants et petits-enfants d'immigrés
nord-africains, 30 ans après "La Marche de l'égalité et contre le racisme" . Un film fort.

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