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Jean-Marie Charon : "On assiste au retour de pressions politiques sur la presse régionale"

L'annonce a provoqué un choc au sein du journal "Sud Ouest" : la direction s'apprête à supprimer 180 postes. Après "Paris-Normandie" ou encore "l'Union de Reims", c'est un autre titre phare de la presse quotidienne régionale qui est dans la tourmente. La PQR est-elle menacée de disparition ? Va-t-elle réussir le pari du numérique ? Son avenir est-il devenu un enjeu politique ? L'analyse du sociologue des médias, Jean-Marie Charon.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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180 postes supprimés, trois agences fermées. L'annonce a fait bondir les salariés de Sud Ouest , qui sont en train de réfléchir à de nouvelles actions, après la grève spontanée du week-end dernier. La direction assure qu'il ne s'agira que de départs volontaires et que le groupe doit faire des économies "dans un contexte difficile " tout en "poursuivant le développement numérique ". Mais les syndicats craignent une réorganisation dans tout le groupe Sud Ouest , qui détient également le Midi libre , la Charente libre ou encore Centre presse .

Il faut dire que d'autres grands groupes de presse régionale ont montré leurs failles ces derniers mois, comme Hersant Médias. Les titres de cet ancien empire du papier sont vendus les uns après les autres. Menacé de disparition, Paris Normandie survit grâce à ses deux repreneurs. L'Union de Reims , L'Aisne nouvelle ou encore l'Est éclair devraient passer sous le contrôle du groupe belge Rossel, et cette reprise s'accompagnera sans doute de suppressions de poste.

"En 30 ans, la Provence a perdu 50% de son lectorat"

"La PQR souffre de la baisse des revenus publicitaires ," note le sociologue des médias Jean-Marie Charon, notamment de la disparition de ses suppléments de petites annonces concurrencés par Internet. "La diffusion également est en baisse, même si c'est plus contrasté. Ouest-France et le Télégramme de Brest résistent bien. En revanche, en 30 ans, la Provence a perdu 50% de son lectorat, le Progrès et la Voix du Nord 30%. Les quotidiens des grandes métropoles souffrent davantage, concurrencés par la presse gratuite. "

Un autre aspect marque le spécialiste : à l'approche des élections municipales de 2014, l'avenir des journaux régionaux est devenu un enjeu pour les élus locaux. "Des élus se positionnent pour la reprise de Nice-Matin, des responsables locaux ont exercé des pressions pour que l'Union de Reims ne soit pas repris par le groupe Rossel... On assiste au retour d'un mauvais réflexe, " affirme Jean-Marie Charon, auteur de l'ouvrage La presse en ligne (éditions La Découverte). "Ca pose des questions d'indépendance, et ce serait catastrophique pour les ventes : les lecteurs ne veulent pas d'un journal qui soit le porte-parole des pouvoirs locaux. "

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