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Charlie Hebdo : "il y a des ennemis de la liberté de la presse en France" (RSF)

De nombreux médias ont réagi avec vigueur et inquiétude à l'incendie criminel qui a ravagé les locaux de Charlie Hebdo cette semaine. La liberté de la presse est-elle menacée en France ? On en parle avec notre invité, Jean-François Julliard, secrétaire général de Reporters sans frontières. Mais tout d'abord, tour d'horizon de l'actualité médias de la semaine.
Article rédigé par Céline Asselot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

la mauvaise nouvelle économique de la semaine

C'est la disparition de Paru Vendu. On ne trouvera plus le journal gratuit de petites annonces à la sortie de la boulangerie ou au supermarché du coin. Après avoir subi de plein fouet ces dernières années la concurrence des sites Internet, comme leboncoin, Paru Vendu a été placé jeudi en liquidation judiciaire. 1.650 salariés vont être licenciés, ce qui en fait le plan social le plus important de l'année.

  • le pari de la semaine

    Il concerne le quotidien régional "Nord littoral", qui est devenu l'un des rares journaux régionaux en France à avoir un site Internet payant. Depuis le début de la semaine, il faut s'abonner pour lire les articles du quotidien de Calais sur le web. Et c'est un test : il s'agit pour le groupe La Voix du Nord, qui possède Nord Littoral, de voir si le passage au payant fonctionne, pour ensuite peut-être élargir la formule aux autres sites du groupe. Et plus généralement, c'est un test que toute la profession va regarder avec beaucoup d'attention : les lecteurs sont-ils prêts à payer pour lire la presse régionale sur Internet ? La réponse déterminera en partie le modèle économique de la presse de demain.

  • l'audience de la semaine

    Elle est signée M6, décidément en très grande forme depuis la rentrée. L'audience de son journal le 19.45 n'en finit pas de grimper : jeudi soir, elle a battu son record historique avec 4,4 millions de téléspectateurs. Entre 20h et 20h05, il y avait même plus de personnes devant le journal de M6 que devant le journal de France 2, ce qui est quand même inquiétant pour la chaîne publique.

  • le dossier de la semaine

    Charlie Hebdo, qui s'est rebaptisé cette semaine Charia Hebdo, a subi dans la nuit de mardi à mercredi une double attaque : ses locaux ont été incendiés et son site Internet piraté. Ce fait rarissime a beaucoup fait réagir la profession. On a senti une grande inquiétude collective dans la presse, qui s'est manifestée notamment dans les éditoriaux. Le Monde rappelle sollennelement qu'"une loi sur la liberté d'expression est en vigueur en France" . "Dans un état de droit, seule la justice fixe des limites à la presse" assure Le courrier picard... "Ceux qui brûlent des journaux, brûlent la liberté et la démocratie" écrit l'Humanité. Quant aux syndicats de journalistes, ils ont aussi réagi très vivement, comme Info Com-CGT qui a cette analyse tranchée : "le Moyen Age et ses méthodes inquisitoires ont ressurgi" .

"La liberté de croyance a de plus en plus la primauté sur la liberté d'expression."

  • "Il ne faut pas minimiser ce qui s'est passé" assure Jean-François Julliard, secrétaire général de Reporters sans frontières. "Cela montre qu'il y a en France des ennemis de la liberté de la presse. Mais la liberté de la presse n'est pas pour autant en danger, car les journalistes savent résister aux pressions. Mais il faut rester vigilant."*

    La religion est-elle devenue taboue ? "Parler de la religion est devenu risqué en France. Se moquer de la religion ou les religieux est devenu compliqué" explique Jean-François Julliard. "On a l'impression qu'en France, de plus en plus de gens donnent la primauté à la liberté de croyance par rapport à la liberté d'expression."

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