Grottes préhistoriques ornées, fresques antiques, chefd'œuvres peints par les plus grands maîtres de la Renaissance... Depuis plus de25 ans, Philippe Walter a eu la chance d'ausculter des œuvres appartenant àtoutes les époques. Il est chercheur au CNRS et à l'Université Pierre et MarieCurie où il dirige le laboratoire d'archéologie moléculaire et structurale. Il publie avec François Cardinali un beau livre d'art intitulé L'Art-Chimie aux éditions Michel de Maule. Ni bleu ni vert dans les grottes préhistoriquesLes recherches de Philippe Walter l'ont mené dans des lieux mythiques, comme lagrotte de Lascaux par exemple. Sur les parois de cette grotte, que l'onsurnomme la Chapelle Sixtine de la préhistoire, il a effectué d'infimesprélèvements de peinture pour les analyser.De quoi étaient-elles faites ces peintures utilisées par nosancêtres ? Réponse de Philippe Walter : "Ces peintures étaient des oxydesde fer jaune, orange rouge, parfois violet, également des oxydes de manganèsequi étaient de couleur noir, très rarement du charbon de bois. En combinant cesmatières, ils ont été capables d'avoir toute une série de nuances, de teintes ."Sur les murs des grottes préhistoriques, la gamme decouleur est limitée : du blanc, du noir, de l'ocre, du rouge. Il y a descouleurs absentes comme le bleu ou le vert. Les hommes préhistoriques n'utilisaient pas ces couleurs parce qu'ils ne disposaient pas de pigments bleu ou vertfacilement accessibles dans la nature.Du bleu et du vert dans les PyramidesIl a fallu attendre longtemps pour que l'homme parvienne àfabriquer ces couleurs. Les Egyptiens, il y a 5 000 ans, ont réussi à mettre aupoint un procédé très élaboré pour synthétiser un joli bleu : le fameux bleuégyptien."Ils vont le fabriquer en mélangeant des ingrédients, demanière très subtile. (...) En chauffant ce mélange à 800°C, il se forme un cristal d'unmagnifique bleu, qui résiste au temps et qui va donner une très belle couleur. ",explique Philippe Walter. Grâce à ce bleu et ce vert les Egyptiens ont pureprésenter l'eau, le ciel et la végétation sur les murs de leurs temples et deleurs monuments funéraires.Les ombres de la JocondeAprès la grotte de Lascaux et les tombeaux égyptiens, onfait un nouveau saut dans le temps pour arriver à la renaissance, et plusparticulièrement au chef d'œuvre de Léonard de Vinci : La Joconde. Chanceux,Philippe Walter a aussi eu le privilège d'ausculter par deux fois, en 2004 et2005, ce fleuron du musée du Louvre.Grâce à de nouveaux outils, le chimiste a tenté de répondreà des questions qui subsistaient sur les techniques employées par Léonard deVinci sur ce tableau. Un nombre très limité de personnes est autorisé à toucherce tableau. Mais il l'a embrassé du regard, hors de sa vitrine. Peu de gens onteu ce privilège.Pour en savoir plus sur le travail de ce chimiste passionnéd'archéologie et d'histoire de l'art, à découvrir ce beau livre intitulé L'Art-Chimie ,signé Philippe Walter et François Cardinali aux éditions Michel De Maule.