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Stéphanie Trouillard, lauréate du prix Chaffanjon : "J’ai voulu redonner la parole à Louise Pikovsky, morte en déportation"

Stéphanie Trouillard est l'invitée de Célyne Baÿt-Darcourt jeudi dans "Infos médias" jeudi. La lauréate du prix Philippe Chaffanjon est récompensée pour son webdocumentaire "Si je reviens un jour" portant sur la mort en déportation d'une lycéenne.

Article rédigé par franceinfo, Célyne Baÿt-Darcourt
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Stéphanie Trouillard, lauréate du prix Philippe Chaffanjon du reportage multimédia. (JEAN-CHRISTOPHE BOURDILLAT / RADIO FRANCE)

Stéphanie Trouillard, lauréate du prix Philippe Chaffanjon du documentaire multimédia dont franceinfo est partenaire, est l'invitée de Célyne Baÿt-Darcourt jeudi 7 juin. Si je reviens un jour est une enquête de France 24 basée sur la découverte de lettres et de photos appartenant à Louise Pikovsky, une jeune lycéenne morte en déportation pendant la guerre.

La mémoire cachée dans une armoire

La journaliste de France 24 revient sur la découverte d'une professeure de mathématiques du lycée Jean-de-La-Fontaine du 16e arrondissement de Paris. Dans une armoire, une enveloppe contenant des lettres et des timbres de la Seconde Guerre mondiale : "Elle a essayé d’en savoir plus durant quelques années et a vite compris qu’elles ont été écrites par Louise Pikovsky, une ancienne élève du lycée qui écrivait, pendant la guerre, à madame Malingrey, professeure de latin et de grec."

C’est en 1988, à l’occasion de la fête des 50 ans du lycée, que madame Malingrey dépose ces lettres. Celle-ci aurait très rapidement compris à travers ses écrits que la jeune Louise Pikovski faisait preuve d’une rare maturité : "Elle a vu en elle d’incroyables capacités et échangeaient, alors qu’elle avait 14 ans à l’époque, sur la religion, le sens de la vie. Elles ont entretenu cette correspondance pendant l’été 1942.", rapporte Stéphanie Trouillard.

"L'Anne Franck de notre famille"

Arrêtée et déportée à Auschwitz avec sa famille en 1944 alors qu’elle se destinait à un brillant avenir, la lycéenne écrivait dans sa dernière lettre : "Nous sommes tous arrêtés. Je vous laisse les livres qui ne sont pas à moi et aussi quelques lettres que je voudrais retrouver si je reviens un jour. Je pense à vous et je vous embrasse. Louise."
Seuls les écrits de Louise ont été retrouvés. Néanmoins, Stéphanie Trouillard a réussi à entrer en contact avec l’entourage de madame Malingrey qui lui a parlé de la relation entre la lycéenne et son enseignante.

La réalisatrice s’est également rendue en Israël pour rencontrer des cousines éloignées de Louise : "Cela a été une surprise pour elles. Elles savaient qu’elles avaient perdu une cousine au cours de la Shoah, mais elles n’avaient pas connaissance de ces lettres. Elles ont été très émues à la vue de ces lettres et nous ont dit que Louise était en quelque sorte l’Anne Franck de leur famille".

"Louise est revenue à travers ces lettres"

Louise Pikovski ne fait pas référence à la guerre malgré l'inquiétude qu’elle laisse transparaître dans ses écrits : "Elle reste encore très amoureuse de la vie et assoiffée de connaissance malgré tout ce qu’elle voit autour d’elle, la souffrance des juifs, leur persécution. Nous avons retenu ses mots ‘Si je reviens un jour’ pour titrer le documentaire. Elle les a écrits même si elle savait pertinemment qu’elle ne reviendrait pas. Je pense également qu’elle est suffisamment lucide à ce moment pour déposer ses objets. C’est incroyable de l'être autant à son âge." 

Stéphanie Trouillard a voulu "redonner la parole" à celle qui, selon sa cousine, est "revenue, 70 ans après, à travers ces lettres".

Aujourd’hui encore, de jeunes élèves se saisissent de son histoire pour mieux comprendre la Seconde Guerre mondiale. "Ils utilisent ces lettres comme un matériel pour étudier cette période de l’histoire. C’est formidable de se dire qu’ils peuvent s’identifier à son histoire pour comprendre ce qu’il s’est passé et surtout ne pas l’oublier", conclut la journaliste. 

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