Léa Salamé : "Je prends plus de plaisir en ce moment à interroger les artistes que les politiques"
Léa Salamé anime avec Christophe Dechavanne l’émission "Quelle époque !" chaque samedi soir, en deuxième partie de soirée. Vendredi 9 février, elle présentera avec Cyril Féraud la grande soirée musicale des Victoires de la Musique 2024, une émission qu’elle a accepté de faire, parce que selon elle : "Il n'y a pas beaucoup d'événements à la télé qui rassemblent tout le monde."
franceinfo : Les Victoires de la musique, j'avoue que je ne vous ai pas vu venir.
Léa Salamé : Moi non plus, je ne me suis pas vu venir !
C'était un désir secret ?
Non, c'est une envie de la chaîne. J'ai présenté, il y a quelques mois, avec Stéphane Bern un grand concert, pour les victimes du séisme en Syrie et en Turquie, et la patronne du divertissement m'avait vue en disant : "Mais tu es faite pour ça ! La prochaine fois, tu fais les Victoires". J'ai cru qu'elle me faisait une blague et en fait elle me l'a proposé à la rentrée. Je vous avoue que j'ai hésité. Et puis ensuite elle m'a dit : "Regarde les Victoires, c'est une magnifique cérémonie".
"Il n'y a pas beaucoup d'événements à la télé qui rassemblent tout le monde. Vous avez les Miss France, les Césars, l'Eurovision et je crois qu'il y a les Victoires de la musique."
Léa Salaméà franceinfo
Je n'en vois pas beaucoup d'autres, en dehors des événements sportifs, qui vraiment rassemblent. Et je trouvais ça chic qu'elle pense à moi et donc j'ai accepté avec grand plaisir.
On a pensé à vous et à Cyril Féraud !
Oui, c'est ça le deuxième plaisir. Cyril Féraud, qui est un des rares animateurs de jeux, aujourd'hui à la télé, qui réussit en prime time. Il fait des scores délirants avec ses jeux, que ce soit "100% logique" ou "The Floor" récemment. Et vous savez, en dehors de la fiction qui cartonne, c'est difficile de proposer des émissions qui marchent en prime time. Lui, il y arrive sur France Télévisions. J'ai eu un coup de cœur pour ce garçon. Je l'ai invité dans "Quelle époque !", il y a un an, et on s'entend hyper bien, on a une vraie complicité et on est hyper heureux de le faire ensemble.
Vous avez dit que vous étiez flippée pour ce soir. Sérieusement ? Vous connaissez le direct.
Ce n'est pas le direct qui me fait flipper, c'est de dire une bêtise, c'est d'être prise par le temps, c'est de devoir meubler et "bugger". Autant sur la politique, je peux meubler pendant deux heures sans problème, je peux raconter la vie de l'invité politique avant qu'il soit là, parce qu'il est en retard ou parce qu'il y a un problème technique. La musique... je vais bosser ! Il y a des artistes que j'adore et que je connais et qui m'ont fait grandir, comme Véronique Sanson, comme Étienne Daho. Il y en a que je connais moins et c'est ça que j'adore dans cet événement-là, c'est que c'est hyper rassembleur et qu'il y en a pour tous les goûts. Je crois qu'il y a neuf rappeurs qui sont nommés dans les catégories, parce qu'on dit toujours : "On oublie le rap ! Le rap, aujourd'hui, c'est la musique qui vend le plus" et c'est vrai, elle n'est pas assez représentée aux Victoires.
"On a l'impression que le rap est une sous-catégorie. Là, les artistes sont à l'intérieur des catégories. Gazo est nommé en même temps qu'Étienne Daho, que Vianney et que Pierre de Maere pour l'artiste masculin de l'année."
Léa Salaméà franceinfo
On va avoir plein de surprises. Zazie va être la présidente d'honneur. On va faire une Victoire d'honneur à Bernard Lavilliers, où plein d'artistes vont chanter pour lui. Il va y avoir aussi des hommages magnifiques parce que c'est toujours un moment où il y a un hommage particulier. Moi, j'ai le souvenir en 2008, de ce moment hallucinant d'Alain Bashung, qui reçoit trois Victoires de la musique. Il est complètement amaigri et fatigué. Il va mourir trois semaines après et vous avez ce moment hallucinant, baigné de grâce où il est là, il reçoit les Victoires et il dit d'une certaine manière adieu à son public. Je vous laisse juste imaginer qu'il y a eu des musiciens et des musiciennes et des grandes chanteuses que moi j'aime beaucoup qui nous ont quittés cette année. Il y aura des hommages pour elles.
Faire des interviews politiques, par exemple pour les Européennes qui arrivent, ça ne vous intéresse plus ?
Pour les Européennes, je m'arrête. Je le dis de manière simple parce que c'est totalement en accord avec mes directions de France 2 et de France Inter, comme mon compagnon [Raphaël Glucksmann] est candidat, je vais me mettre en retrait des émissions politiques et un retrait progressif aura lieu à partir d'avril, jusqu'à la période de campagne officielle.
Mais ma question était plutôt de savoir si les interviews politiques vous intéressaient encore.
Oui, ça m'intéresse encore. C'est mon ADN, c'est ma passion. Mais de plus en plus, j'aime les mélanges. Je prends plus de plaisir en ce moment à interroger les artistes, leurs visions sur l'époque, à interroger les grands intellectuels que sans doute les politiques, parce que la langue politique a changé, parce que la langue politique s'est formatée, elle est devenue beaucoup d'éléments de langage. Moi, quand j'ai commencé le journalisme politique, j'avais le micro qui tremblait. Il fallait essayer d'être maline, de trouver la bonne question, de déstabiliser. Aujourd'hui, le truc est plus réglé. Ça manque de tripes, ça manque de chair.
Ils ne vous font plus peur ?
"Interroger un artiste me fait plus peur qu'interroger un homme politique."
Léa Salaméà franceinfo
Moi je n'ai jamais eu tellement peur d'interroger des hommes politiques ou des femmes politiques, peut-être parce que j'ai grandi dans ça, j'ai baigné dans ça. Alors qu'aller accompagner un artiste pour le faire accoucher de quelque chose ou aller avec sa fragilité, est quelque chose qui me fait, étonnamment, plus peur que les politiques.
Des politiques, vous continuez d'en recevoir dans "Quelle époque !", le magazine du samedi soir, de deuxième partie de soirée, qui marche très bien. Est-ce aussi un succès plus personnel ? Parce qu'il vous a permis de casser votre image qui était assez sérieuse, rigoureuse, "dure", vous le dites vous-même.
On a beaucoup dit que j'étais dure. On a pu dire que j'ai été agressive. Je pense qu'il y avait un fond de vérité, même si je le mets toujours en balance avec le fait qu'on dit d'un homme journaliste qui poserait la même question avec le même ton que moi, "il est pugnace, il en a !" Si c'est une femme, on dit "ah elle est agressive". Mais j'entends quand même qu'il y a eu des moments, notamment au début, quand j'ai voulu m'affirmer, ou sans doute j'étais un peu trop, trop tout. Après, je ne sais pas si j'ai fait ça pour casser mon image, mais j'ai fait ça. J'ai le sentiment, peut-être qu'à un moment vous vous sentez à votre place. Vous n'avez plus besoin de prouver, vous êtes vous-même, vous n'avez plus besoin de jouer un personnage à la télé, à la radio ou dans la vie. Et j'ai le sentiment que sur "Quelle époque !" je suis à ma place.
Vous aurez une troisième actualité cet été, puisque pendant les Jeux Olympiques, vous serez à la tête d'un magazine quotidien de deuxième partie de soirée baptisée "Quels Jeux !". Là encore, ce n'est pas forcément vous qu'on attendait. Maintenant, vous vous mettez au sport ?
On aime bien catégoriser les gens en France et moi, c'est sans doute mon côté oriental ou libanais, j'aime bien sortir de la case dans laquelle on m’enferme. Les Jeux, ça va être un événement historique et ça va être d'abord et avant tout l'événement des sports, des journalistes sportifs et du service des sports de France Télévisions. Mais c'est vrai que la direction de France Télé nous a proposé de penser à une émission qui allierait le sport, la culture et qui serait en fait un "Quelle époque !" un peu plus axé sport, quotidien, dans lequel on reverrait les images du jour. Pour l'instant, l'émission est totalement en construction. Je ne peux pas vous en dire plus.
Avec Michel Drucker ou pas ?
Avec Michel Drucker ! Bien sûr. Il sera là sur la première et la deuxième semaine. Après, il sera là quand il en aura envie, quand il le sentira. Michel Drucker a fait tous les JO.
On ne dit pas "non" à Michel Drucker !
On dit toujours "oui" à Michel Drucker. Et puis s'il est fatigué, on s'est dit qu'il ferait un duplex de chez lui.
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