La rédaction de Rue89 en grève
Aucun article n'a été publié aujourd'hui sur Rue89. Les quelque 25 salariés du site d'information ont en effet décidé de cesser le travail pendant 24 heures. Leur objectif : défendre une indépendance qu'ils estiment être menacée.
Il faut rappeler que Rue89 est le pionnier de l'information en ligne. Le site a été créé en 2007 par Pierre Haski et deux ex-autres journalistes de Libération, avec le rêve de proposer une autre information, plus participative, plus collaboratrive. Mais devant les difficultés financières, Rue89 accepte il y a deux ans d'être racheté par le groupe Nouvel Obs, contre la garantie de rester totalement indépendant.
Malgré des sites distincts, Rue89 et nouvelobs.com étaient jusqu'ici
cumulés dans les chiffres d'audience de Médiamétrie. Mais la semaine dernière, l'organisme a décidé de changer son mode de calcul. Désormais, pour que les chiffres soient cumulés, il faut que les sites apparaissent clairement comme appartenant au même groupe. Le Nouvel Obs décide donc d'intégrer Rue89 à son propre site.
Un changement très symbolique, pour Imanol Corcostegui, l'un des 14 journalistes de la rédaction : "pour nous, cela signifie une dilution de l'identité de Rue89. Au moment du rachat déjà, il a fallu convaincre les lecteurs que Rue89 était toujours Rue89. Il faut recommencer. Et on sait qu'on ne pourra pas convaincre tout le monde." Rue89 pourrait donc perdre des lecteurs.
Le groupe Nouvel Observateur en difficulté
Les salariés s'inquiètent également pour la pérennité du site, car le groupe Nouvel Obs ne va pas très bien. Le grand patron Claude Perdriel a même lancé un appel à l'aide ce week-end : il cherche "un ou des actionnaires" pour renflouer le groupe. Claude Perdriel serait même prêt à céder le contrôle du Nouvel Obs, qu'il a fondé en 1964. Un plan d'économies est en préparation.
Rue89 a beau attirer chaque mois près de 2.5 millions de visiteurs, l perd toujours de l'argent. Les salariés craignent donc que le site soit sacrifié sur l'autel de la rentabilité.
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