La condamnation de Jacques Chirac à la fois "triste et heureuse" selon la presse
Une phrase résume assez bien la manière dont la presse française parle de Jacques Chirac aujourd'hui. "C'est un épilogue à la fois triste et heureux" écrit Sylvie Pierre-Brossolette dans Le Point. Triste parce qu'"une peine de prison avec sursis peut paraître désolante pour la fin de vie d'un homme malade" . Heureux parce que c'est "réconfortant pour la bonne marche des institutions" "que la justice ait pu passer, malgré le prestige du prévenu" . Cette ambivalence se ressent partout dans les articles qu'on peut lire sur Internet, comme dans le Monde, qui d'un côté fait le récit des fait et de l'autre dresse le portrait d'un homme "prisonnier du silence, de la vieillesse et du passé" . "La justice ne dédaigne pas de condamner les puissants, c'est bien" écrit la Croix, qui imagine cependant "le choc que peut représenter un tel jugement pour un vieil homme affaibli" .
Cette ambivalence se retrouve également dans le choix des photos qui illustrent ces articles. Très peu de sites d'information ont choisi une photo de Jacques Chirac au temps de sa puissance, quand il était maire ou président, quand il était entouré et obéi. Au contraire, la plupart des articles s'accompagnent d'une photo de Chirac seul, âgé, immobile et muet, le plus souvent dans un contexte qui n'évoque rie, un simple fond bleu. L'image d'un simple homme. Et puis, il y a cette photo choisie par plusieurs sites, dont L'Express, La Croix, Le Figaro, La Dépêche du midi : elle montre Jacques Chirac se pinçant les lèvres, l'air un peu coupable, un peu penaud. On pourrait y voir davantage l'image d'un vieux monsieur qui tente de se faire pardonner que celle d'un ancien président qui vient d'être condamné.
La presse étrangère sévère envers Jacques Chirac
Hors de France, on a beaucoup de mal à comprendre la sympathie dont peut jouir Jacques Chirac auprès des Français. C'est même un sujet de légère moquerie, comme sur la chaîne américaine CNN : cet après-mid, le présentateur et le correspondant à Paris s'étonnaient ensemble de cette bizarrerie française qui consiste à ne jamais juger ses hommes politiques mais à apprécier ceux qui sont condamnés.
D'une manière générale, la presse étrangère est plutôt critique : "le président-roi perd sa couronne" écrit un journaliste de la Tribune de Genève. "Pour la première fois, on a le sentiment que les responsables politiques français sont considérés de la même manière que les simples mortels" écrit le magazine britannique The Economist, dans un article intitulé "Liberté, égalité mais pas impunité" .
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